Il est 07h05 quand le départ est donné, nous sommes 300 dans notre vague avec nos beaux bonnets orange, l’eau est très bonne (21°C) pas de baston au départ, cela s’annonce bien.
Le premier demi-tour approche et j’en profite pour jeter un coup d’œil à ma montre : 22’ mais impossible de me dire combien de mètres j’ai parcouru.
A ce moment, je commence à voir de plus en plus de bonnets jaunes qui font partis de la vague partie 5 minutes plus tôt.
Il faut dès à présent regarder beaucoup plus souvent devant moi et je commence un peu à slalomer entre les nageurs attardés.
Depuis le départ les canoës kayak sont idéalement placés nous évitant ainsi de faire des mètres inutiles, l’eau devient moins calme, des petites vagues se forment.
Sur le retour à mi-chemin, mes lunettes me font mal (elles me serrent), j’ai hâte d’en finir, je vois le pont au loin et je me dis que c’est bon signe. Mais je n’avais pas fait attention sur le plan qu’il y avait encore quelques mètres à faire avant de faire le second et dernier demi tour afin de regagner la berge.
Je vois enfin le bout de cette natation, j’ai hâte d’enlever ses lunettes qui m’oppressent la tête. Je sors de l’eau avec l’aide des bénévoles, un petit coup d’œil sur ma montre pour me dire que ma natation n’a pas été fantastique mais correcte.
NAT : 1 :00 :50
J’enlève mes lunettes et je cours (pas vite) vers mon sac, je cherche le 1264, c’est bon je l’ai et je file sous la tente, je me cherche un coin pénard et je pose mon cul afin d’enlever le bas de ma combinaison. Et là une bénévole me donne un coup de main à mon grand étonnement, je vide mon sac par terre pour ne rien oublier (chaussures vélo, chaussettes vélo, lunettes, maillot vélo [inutile en fin de compte], 3 barres et 2 gels), je me sèche les pieds et j’enfile mes chaussures, maillot…
T1 : 0 :04 :37
Je sors de la tente en trottinant en direction de mon vélo et je croise Ben, j’attrape mon vélo et je me dirige vers la zone où je peux monter dessus…
C’est parti pour 180 km, je pars tranquillement et je me retrouve avec Ben qui est à une dizaine de mètres devant moi, on passe sur le pont et puis ensuite à gauche pour une petite descente pas très technique mais piégeuse du fait qu’il y a pas mal de monde et de la largeur de la route.
Nous faisons la route plus ou moins ensemble et apercevons des avions nous dépassés, nous sommes à ce moment là aux environs de 36 km/h, parmi eux Duduche qui nous double au 15ème et Air Marty au 20ème.
Au 28ème km, je fais tomber bêtement la paille souple du bidon aérodrink, je fais demi tour, j’attends qu’un gros paquet passe avant de le ramasser et je me relance avec l’espoir de rejoindre Ben…
Je passe sans trop d’encombres les premières difficultés avec notamment pas mal de faux plat, puis Greding, les spectateurs sont nombreux sur la route et encourage tout le monde.
J’arrive sur ce que je croyais le Solar mais en fait il s’agit d'Unterödel, ensuite arrive à Hipoltstein le Solar avec ce virage à droite et cette foule impressionnante, des milliers de gens, un speaker qui pousse, de la musique à donf : bref, que du bonheur !!
Quelques kilomètres après le Solar et après une longue descente, je pense que c’est aux environs du kilomètre 80 que je rejoins Ben qui me dit qu’il coince en raison d’une contracture au mollet gauche (qu’il a attrapé après 500 m de natation !!!), il me dit qu’il va arrêter, je lui demande de finir le vélo…
Je poursuis ma partie vélo avec un premier tour effectué à une bonne allure en 2h35 d’après mes savants calculs et ma Polar Calimero.
Je ne pense pas avoir puiser dans mes réserves, je scrute de temps en temps ma fréquence cardiaque et tout à l’air d’aller…
Le second tour se passe encore mieux que le second même si d’après la montre, je vais moins vite, je reprends pas mal de gens dans ce second tour et notamment pas mal de féminines dont certaines ne s’embarrassent pas de drafter sous le nez des commissaires et de sourire lorsque je les regarde dans les yeux avec insistance !!
Avec du recul, je passe Greding nettement moins vite qu’au premier tour puis ensuite le vent s’est effectivement levé et se trouve de ¾ pendant quelques kilomètres.
Je savoure une dernière fois le Solar en faisant mon kéké sur quelques centaines de mètres et j’arrive à relancer en haut de la bosse comme il faut.
Je double encore quelques concurrents puis je rapproche de la fin de la partie vélo.
VELO : 5 :17 :22
J’arrive à T2 et je donne mon vélo à un bénévole qui m’en débarasse, je prends mon sac et file sous la tente, à nouveau je me trouve un coin tranquille, je sors mes runnings, mes chaussettes, ma visière, mes 4 gels et une bénévole m’aide à ranger mes affaires vélo dans le sac.
T2 : 0 :03 :44
Je sors de la tente et je me dirige vers le parcours course à pied, je bricole ma montre afin de passer en mode course à pied (mode run pour les initiés), je m’emmêle un peu les pinceaux et du coup je stoppe le chrono et je recommence un nouveau fichier pour le marathon.
Après 500 m de course, je m’arrête pour faire pipi, puis je repars tranquillement à environ 10/11 km/h, je me sens bien, je me dis que tout commence maintenant…
Le premier ravitaillement est un bonheur, j’attrape des éponges : que ça fait du bien !! Je me fixe de marcher sur les ravitaillements tous les 2 km en prenant ce dont j’avais envie (erreur ou pas ??).
Je me trouve sur le bord du canal où j’aperçois cette longue ligne droite de 7 km, le soleil tape bien à ce moment là, je profite de chaque ravitaillement pour marcher, boire et m’asperger.
J’arrive au premier village où une foule énorme encourage tous les triathlètes, l’odeur de graillon se mêle à celle des ravitos.
Je fais enfin demi-tour et rebelote les 7 km de ligne droite dans l’autre sens, je croise alors quelques meudonnais.
Tout s’enchaîne correctement jusqu’au 21ème kilomètres, ensuite un mal de bide hyper douloureux fait son apparition. Je marche sur 200 m puis je recommence à trottiner puis je marche et ceux jusqu’au 25ème kilomètre.
A ce moment là je n’ai qu’une seule envie c’est d’aller aux toilettes !!! J’en aperçois mais ceux-ci sont fermés (pourquoi ??).
Après avoir traversé le canal, j’arrive dans un quartier pavillonnaire et là je vois encore des toilettes fermés, je demande à des habitants si je peux utilisé les leurs car je ne peut plus tenir…
Ils acceptent de me prêter leurs toilettes pour quelques minutes, les toilettes sont carrelés, d’une propreté impeccable, il me manque juste de la lecture et je passerais une bonne demie-heure… Ils me proposent quelque chose à boire, je refuse mais j’acceptes un morceau de chocolat (que je ne mangerais même pas !!) que je glisse dans la poche de ma trifonction.
4/5 minutes après les avoir remercié de leur aide, je repars en trottinant mais la douleur revient. Je me trouve à proximité de soigneurs et je leur demande s’ils n’ont pas quelque chose pour les douleurs d’estomac.
On me donne du Maalox en liquide dans un petit sachet et la nana me dit : « c’est comme du lait !!"
J’avale cette potion magique mais je marche, avec la main sur mon ventre, c’est la seule façon de calmer la douleur. Je retente de courir au 28ème kilomètre mais c’est peine perdue la douleur revient immédiatement.
Au 37ème km, après 9 km de marche, j’entreprends une nouvelle tentative mais une douleur vive me fait stopper net, j’ai une soudaine envie de vomir mais ça ne vient pas, mes jambes commencent à trembler, j’ai la tête qui tourne.
J’ai encore envie d’aller aux toilettes, ça tombe bien, devant moi un vaste choix m’est offert, 10 cabines sont libres et ouvertes !!!
Je reste environ 5/6 minutes à l’intérieur à me dire que c’est bientôt fini et qu’il faut que j’aille jusqu’au bout.
Je sors de la cabine un peu hagard, les bénévoles continuent à me demander depuis le début de la course : Iso, Cola, Wazer, Banana… Ca commence à me gaver…
Je retente à nouveau de courir mais toujours cette douleur, seul ma main me réconforte, musculairement les jambes vont bien, seuls mes pieds semblent un peu souffir.
Pendant les derniers kilomètres, je m’efforce à marcher à une bonne allure (6/7 km/h selon ma Polar Calimero).
La fin approche, à 1 km de l’arrivée, on entend le bruit de la foule, les gens m’applaudissent (je dois faire de la peine) je cours sur 200 mètres mais encore une fois je suis contraint de marcher.
J’arrive tout proche de l’arrivée, plus que quelques centaines de mètres avant d’arriver dans la zone, je cours sur le tapis bleu (oui je cours !!) la main sur le bide, dernière ligne droite, je retire ma main, je remonte le zipp de ma trifonction et je passe la ligne, heureux d’avoir fini.
CAP : 5 :17 :57
TOTAL : 11 :44 :31
Je suis certes déçu par la façon dont c’est passé le marathon mais le principal pour moi était de finir, j’ai appris une chose sur ce genre de course : rien n’est gagné d’avance, sur une telle distance tout peut se passer…
PS : Désolé pour la longueur du récit.

Enzo, Le Tique, Mc Cormak et Copste...
