Salut, le sujet m'intéresse particulièrement, alors hop, je contribue un petit coup. Je ne suis pas forcément d'accord avec tout, mais pas non plus complètement opposé à tout, alors je prends dans l'ordre :
Bien souvent, les plans d'entraînements visent à optimiser la performance d'un athlète à un instant de sa vie, pour produire un pic de forme pour une période de compétition, en le préparant à l'échelle d'une saison.
Bien d'accord sur ce constat, et je pense que personne ne dira le contraire, puisqu'un plan d'entraînement est une planification de ses entraînements en vue d'un objectif ponctuel.
Mais aucun ne s'intéresse à optimiser la performance sur le long terme, sur plusieurs dizaines d'années.
Optimiser la performance sur le long terme (long terme = le reste de sa vie) est un non-sens au point de vue purement sportif (incluant donc la notion de compétition, de performance), un adage fort populaire dans le milieu du sport étant « On ne peut pas être et avoir été », sous-entendu il y a un temps pour tout : la performance d'abord, puis plus tard le loisir. Ceci dit, si on accepte de dire que l'on fait du sport sans pour autant rechercher la performance (sous-entendu la meileure performance possible compte tenu de ses capacités), on s'ouvre d'autres horizons, comme celui que tu évoques. Mais est-ce encore du "sport" (relire les définitions mises en lien dans ce post) ? Et pas plutôt de l' "activité physique" ?
L'entraînement durable, c'est optimiser son potentiel non pas sur une saison, ou même sur les quelques années que dure notre son apogée sportive, mais sur le long terme, à 20, 30, 40, 50, 60 ans... optimiser l'entraînement à l'échelle de la vie humaine.
J'aime cette idée, seulement... N'est-elle pas utopique ? Qui est capable de résister à la "tentation" d'une bonne performance à court terme par rapport à une performance relative à long terme (même principe que de résister à une glace avec de la chantilly par rapport à l'évolution de sa courbe de poids) ?
Par contre, quiconque a réalisé et admis qu'il ne deviendrait ni riche ni célèbre par le sport devrait réfléchir à une pratique durable de l'entraînement, l'application de principes favorisant une vie sportive bien remplie, portant son lot de satisfactions
Entièrement d'accord, mais...
et un niveau de performance honorable,
Hum, c'est-à-dire ? Il y a des performances en dessous desquelles l'honneur est sauf, et d'autres pour lesquelles il vaut mieux rester terré au fin fond du forum ?
en harmonie avec son environnement professionnel et social,
D'accord de nouveau, mais...
et en préservant sa santé.
Sport = mauvais pour la santé (mais moins mauvais que d'autres choses hein !). Activité physique = bon pour la santé.
Evidemment, chacun réagit différemment, aussi bien physiquement que psychologiquement, et à la fin chacun devra trouver sa voie, mais d'après ma trop longue expérience (40 ans de sport!), voici condensé en 10 préceptes les bases de l'entraînement durable.
Je réagis juste à « ma trop longue expérience (40 ans de sport) » : effectivement, c'est long, très long ! Et justement, ces "10 commandements" proviennent de là... mais sont-ils applicables à tout un chacun, notamment un type qui entreprend à 30 ans sa première saison de tri, parce qu'il a vu cet été des pinpins faire les zouaves autour d'Embrun et qu'il s'est dit « ouah, l'année prochaine je veux faire ça ! » ? « Les 10 commandements », ça fait très "tables de la loi", c'est comme ça et un point c'est tout. Or, nous sommes tous quand même un poil différent, et n'est-il pas utopique de décréter un code de conduite qui serait valable pour tous ? Est-ce qu'un type de 20 ans n'a pas des besoins (physiologiques, idéologiques...) différents d'un type qui a 40 ans d'expérience dans le sport ?
1) La performance tu rechercheras
La performance maintient l'appétit, on est d'accord - c'est quand il y a compétition qu'il y a progression (les grandes découvertes à l'échelle de l'Humanité se sont faites en période compétitrices). Et la performance est une composante du sport, on est d'accord aussi (pas de recherche de performance = activité physique).
2) Les compétitions sans retenue tu pratiqueras
D'accord également, et j'aime bien particulièrement «Toute compétition est bonne à prendre, au fil des saisons ou des blessures, en fonction des goûts, des capacités et des opportunités: cross, aquathlon, duathlon, rameur en salle, ski de fond, trail... et peu importe que l'on termine dans les premiers ou les derniers. Il faut goûter de tout, essayer tout, pour le fun, pour garder vivante l'étincelle de la compétition. » Par contre pas tout à fait d'accord sur « Et puis si on n'aimait pas la compétition, on aurait pris macramé ou point de croix, pas triathlon. » : je pense qu'on peut faire du tri, de la course à pied, de la voile, du football... sans pour autant apprécier la compétition. On sort du concept de "sport" mais on reste dans l'activité physique (et du coup c'est meilleur pour la santé, la vie sociale, professionnelle...).
3) La dieselisation tu combattras
En règle générale, je suis d'accord, mais il faut accepter la différence, et elle peut largement se manifester ici : le sport devrait à mon sens rester un plaisir, et certains ne trouvent pas de plaisir dans le fait de « se faire mal », les allures rapides étant justement propices à des minutes douloureuses. Il faut aussi penser à cette frange de la population sportive, qui souhaite progresser – à sa mesure – différemment : le « no pain no gain » n'est pas une fatalité. D'autant plus que des entraîneurs réussissent à obtenir de très bons résultats dans certains domaines sans envoyer leurs athlètes dans la "zone rouge" (mais ce n'est pas adapté à toutes les disciplines/tous les athlètes, c'est certain).
4) Allonger ta vie tu oublieras
Ok avec « Mettre plus de vie dans sa vie, et non pas l'allonger ». Ce paragraphe est légèrement en contradiction avec ce que tu dis vers le début, « en préservant sa santé ». Mais du coup tu rejoins ce que je disais plus tôt. Enfin en même temps on est tous sacrément différents, et ce qui peut écourter ou maltraiter la vie de l'un peut renforcer celle d'un autre.
5) Le volume d'entraînement tu minimiseras
L'optimal pour la santé est sans doute de faire quotidiennement une demi-heure de marche vigoureuse, soit 3-4h de sport modéré hebdomadaire.
D'accord, je remplacerais juste « de sport modéré » par « d'activité physique ». Faire du sport, par définition, ce ne peut pas être "modérément".
Le meilleur compromis entre santé, performance et vie sociale et professionnelle se situe probablement entre 7 et 9h hebdomadaire.
Ça se base sur quelles études ? C'est adapté à tous ?
Pour optimiser la performance dans un volume faible, il y a un secret pas assez utilisé: le tranfert.
Bien d'accord. Et c'est valable dans tous les sports, pas qu'en tri.
En travaillant comme ça, on peut tout à fait se faire plaisir avec 7h d'entraînement hebdo
Et en dessous de 7 heures on ne se fait pas plaisir ? Idem au dessus ? J'insiste juste un peu sur le côté arbirtraire de ce seuil.
et obtenir un niveau honorable - disons faire des podiums dans une catégorie vétéran sur un petit tri régional.
Ah, une précision quant au niveau "honorable", par rapport à mon questionnement du début : « faire des podiums dans une catégorie vétéran sur un petit tri régional. » Donc en dessous de ça, on est classé dans quelle catégorie ? Quid des x% (x>75 dans la plupart des cas) qui finissent plus loin ?
6) L'Ironman tu banniras
Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, l'homme n'est pas fait pour nager 4km, rouler 180 et courir 42.
Sans doute pas, mais la moitié non plus. Et courir un marathon non plus. Et rester des heures sur un vélo non plus. Et idem pour une chaise devant un ordinateur. Et manger des hamburgers non plus. Et vivre jusqu'à 90 ans non plus. Zut, on est mal barrés.
Un Ironman est une épreuve extrêmement dure pour le corps, dont il peut mettre des mois à se remettre.
Ou pas. J'en ai fait un en juillet (enfin il n'était pas labellisé "Ironman" puisque c'est moi qui l'ai organisé dans mon coin). Je peux te dire que quelques jours après je pétais la forme. Ah oui, ce n'était pas une compète, et j'ai mis 19h30 pour le boucler.
Sur IM, les préceptes de recherche de performance et de minimisation du volume d'entrainement sont incompatibles. Performer exige un entraînement trop important: trop de dégâts sur la santé, trop d'impacts sur la vie familiale et professionnelle...
Pour finir dans le top 3 à Embrun, j'imagine que oui. Pour "juste" terminer dans un objectif de performance par rapport à son propre niveau, je ne sais pas me prononcer. J'aurais tendance à dire que si c'est comme en ultra à pied (Embrun = durée similaire à, par exemple, un ultra de 120 km en montagne), c'est tout à fait concevable de terminer sans avoir un volume de folie. À condition, je suis d'accord, de ne pas en abuser - même si on trouve des types qui en abusent et s'en portent très bien.
On peut pratiquer l'IM sans recherche de performance, avec un entraînement normal, pour le simple plaisir de finir... mais dans ce cas autant faire une belle randonnée en montagne, en ski, à pied ou à vélo: ça coûte moins cher et c'est plus beau!
Mouais. Mon petit IM à moi de cet été était vachement beau, vachement convivial, un super moment partagé, vraiment. Et cet été je suis allé en vacances du côté d'Embrun, j'ai vu pour la première fois le Col de l'Izoard, et ça m'a fait vachement envie. Mais je te rejoins sur le tarif, ouille.
En outre, la préparation d'un IM exige un tel investissement émotionnel, physique et financier que la moindre défaillance (erreur de gestion de l'alimentation, de l'hydratation ou de l'effort) prend des proportions dramatiques puisqu'elle remet en cause la préparation de toute une année (déprime post-IM)
C'est valable pour des gens "déséquilibrés". Lorsque tu n'es pas un sportif pro, que tout va bien dans ta vie, que tu sais placer la compétition sportive à la place où elle se doit d'être, un échec sur une épreuve est certes un échec, mais ça ne t'empêche pas de passer à la suite. J'ai tendance à penser que la compétition doit être un moteur pour s'entraîner, mais que c'est l'entraînement qui est réellement important ; c'est lui qui dure le plus longtemps, c'est lui qui te maintient en bonne forme. La compétition, c'est un petit bonus.
Donc: pas d'IM - ou au plus un tous les 5 ans pour satisfaire sa vanité.
Pour finir sur ce point, j'ai tendance à dire que c'est "un conseil de vieux blasé" (à ne pas mal prendre hein !). C'est vrai qu'avec le recul, on se dit qu'on aurait peut-être mieux fait de ne pas faire ceci ou celà, et que ce type-là qui a envie de tout ferait mieux de se limiter, sinon il court droit dans le mur. Sauf que chacun a besoin de se faire sa propre expérience, chacun a besoin de foncer dans le mur au moins une fois. J'ai commis des erreurs, j'en ai trop fait à certains moments, mais je ne regrette pas.
7) Ton corps tu écouteras
Rien à y redire.

La CAP au minimum tu réduiras
La CAP est de loin le plus traumatisant de nos sports. Les chocs répétés ne peuvent qu'endommager nos cartilages, muscles et tendons. Les médecins croulent sous les visites de coureurs à pied victime d'arthrose précoce.
Des études pour appuyer ces dires ou c'est de l'impression, du ressenti ? Ma soeur a de l'arthrose et elle n'est pas âgée, elle n'a jamais fait de course à pied
Et heureusement, les transferts permettent de conserver un niveau que je juge acceptable (38' au 10km).
Ah, de nouveau le coup du "niveau acceptable", ouch, tu es dur
9) Les étirements tu éviteras
Pareil, des études ? J'en ai lu un paquet, et il n'y a rien de bien clair en la matière. Autant effectivement les étirements mal faits en sortie de séance sont à proscrire, autant une bonne séance d'étirements/abdos/gainage en début de matinée peut être très intéressante. D'ailleurs, certains sportifs sont amenés à pratiquer des étirements au quotidien, en guise de traitement d'une blessure (hernie discale par exemple dans mon cas). Vaut quand même mieux passer 5 mn tous les jours à s'étirer que se gaver de médocs non ?
10) Ta famille et ton boulot tu privilégieras
Ça dépend la famille et le boulot
En natation: traversée de la baie à la nage avec palmes et plaquettes pour Madame. En CAP, échauffement et retour au calme en footing ensemble, et corps de séance en 30/30 avec retours en arrière en trottinant sur le 30 de récup. En vélo: lui apprendre à drafter, puis sortie tranquillou recherche position aéro en ouvrant la route sur le plat, et chaque bosse deux fois au taquet en redescendant chercher la belle, etc etc.
Un peu mysogine tout ça : je connais des couples chez qui l'homme est incapable de suivre la femme.
Réflexion de fond intéressante en tous cas !