
http://www.presseocean.fr/actu/cantona- ... 1_actu.Htm
http://www.presseocean.fr/actu/cantona- ... 8_actu.Htm
http://www.bankrun2010.com/
http://www.lefigaro.fr/societes/2010/11 ... anques.php
La «révolution» d'Éric Cantona inquiète les banques
Mots clés : Banques, Révolution, FRANCE, BELGIQUE, Eric Cantona, Géraldine Feuillien, YOUTube, FACEbook, TWItter
Par Marine Rabreau
30/11/2010 | Mise à jour : 09:58 Réactions (1460)
VIDÉO - L'appel de l'ancienne star du football à vider son compte bancaire, massivement relayé sur Facebook et YouTube, commence à faire peur. La date du 7 décembre est fixée.
C'est le «buzz» du moment. Ils sont plus de 18.000 «Facebookers» à vouloir participer à la «révolution pacifique» soufflée par Eric Cantona, qui consister à retirer l'intégralité de son argent sur ses comptes bancaires, précisément le vendredi 7 décembre prochain.
«S'il y a 20 millions de gens qui retirent leur argent, le système s'écroule (...). La révolution se fait par les banques», a lancé l'ancienne star du football dans une vidéo publiée par Presse Océan datant du 8 octobre, visionnée par plusieurs centaines de milliers d'internautes.
L'ancien attaquant de Manchester United, âgé de 44 ans, engagé politiquement dans la lutte contre la pauvreté, théorise en moins de deux minutes la destruction du système actuel. «Pas d'armes, pas de sang, une révolution à la Spaggiari !», conclut celui qui est aussi passé par les écrans de cinéma.
En Belgique, la fédération belge du secteur financier s'inquiète


La désormais appelée «révolution Cantona» est sortie des frontières de l'hexagone. En Belgique, la réalisatrice Géraldine Feuillien, a notamment relayé l'idée. Même date. Elle a créé un site Internet, baptisé Bankrun2010.com, traduit en six autres langues. Selon elle, environ 15.000 belges videront leurs comptes.
Mais dans ce petit pays, la démarche est prise au sérieux. La fédération belge du secteur financier, Febelfin, est venue réagir dans les colonnes des journaux Het Nieuwsblad et De Standaard. «Cette action peut déstabiliser notre fragile système financier !, a averti Michel Vermaerke, administrateur délégué de Febelfin. Et d'ajouter, «certaines institutions bancaires en Belgique ont dû être sauvées par le gouvernement en raison des conséquences de la crise du crédit. Un tel sauvetage ne doit pas être réitéré car il est très coûteux.»
À la question de savoir s'ils sont conscients des conséquences économiques qu'entraînerait le succès de cette action, Géraldine Feuillien répond : «nous sommes surtout conscients des conséquences que le système financier mondialisé dérégulé et incontrôlable ont sur nos emplois, nos santés, notre éducation, nos pensions, nos industries, notre environnement, notre avenir, notre dignité, la dignité des citoyens des pays que ce système a asservis par des dettes qu'ils ne pourront jamais rembourser pour mieux s'approprier leurs ressources. C'est le sort qui attend les citoyens occidentaux si nous ne nous prenons pas en main.»
http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html
D'Eric the King à Eric le Rouge
LEMONDE | 04.12.10 | 15h51 • Mis à jour le 04.12.10 | 16h47
Les attaquants vedettes de Manchester United ont toujours été de fortes personnalités. Ils n'ont pas seulement le génie du but, mais aussi celui de la provocation. De vrais "bad boys" comme on les aime. George Best, par exemple, lança un jour : "J'ai claqué beaucoup d'argent dans l'alcool, les filles et les voitures de sport. Le reste, je l'ai gaspillé."
Il y a un peu plus d'un mois, Wayne Rooney signait un nouveau contrat avec son club, contrat record qui a fait de lui le footballeur le mieux payé de la planète : 14 millions d'euros par an, 40 000 euros par jour. Peu de temps avant, le ministre des finances britannique George Osborne avait annoncé une cure d'austérité budgétaire sans précédent pour le pays, avec la suppression de 500 000 emplois publics et des coupes claires dans les dépenses sociales.
Erci Cantona, autre joueur culte des Red Devils, fait aussi beaucoup parler de lui depuis plusieurs semaines. Depuis qu'il a lâché ces mots, dans une interview vidéo publiée sur le site Internet de Presse Océan : "La révolution, aujourd'hui, se fait dans les banques. Tu vas dans la banque de ton village et tu retires ton argent. Et s'il y a vingt millions de gens qui retirent leur argent, le système s'écroule. Pas d'armes, pas de sang, rien du tout, à la Spaggiari."
Très vite, la communauté des internautes découvre cette nouvelle pépite "cantonesque" et se mobilise. Un appel est lancé pour que les gens retirent leur argent le 7 décembre, un site Web et un groupe Facebook sont créés et la vidéo d'"Eric the King" traduite dans plus d'une vingtaine de langues. Tous ceux qui veulent faire "péter" le système applaudissent aux propos de l'ex-footballeur. "Ce désir de révolution me plaît", commente Olivier Besancenot, le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste, tandis que de mauvaises langues susurrent que certains des instigateurs du projet de "bank run" seraient proches de l'extrême droite. Les banquiers poussent des cris d'orfraie et plusieurs ministres taclent l'ancien joueur. Quant à Cantona, il confie à Libération : "Vue l'étrange solidarité qui est en train de naître, oui, le 7 décembre, je serai à la banque."
Espérons pour lui qu'il a loué une fourgonnette pour transporter tous ses sacs de billets, car on n'imagine pas qu'il ait travaillé bénévolement, depuis plusieurs années, pour vanter à la télé les mérites des rasoirs Bic, des chaussures Nike, des casinos Partouche, de Neuf Telecom, des thés Lipton, de la Laguna Renault ou des déodorants de L'Oréal.
Sans doute y a-t-il de la déception amoureuse chez nous (ce chef-d'oeuvre de lob qui vient se loger dans la lucarne droite du gardien de Sunderland). Sans doute sommes-nous tous très vieux jeu, mais nous avons toujours un peu de mal quand de purs produits du "système" vomissent celui-ci - le sommet ayant été récemment atteint par le chanteur Bono, l'ami des pauvres, et sa campagne de pub pour Louis Vuitton. Bref, entendre Cantona se réjouir d'un éventuel effondrement des banques, cela nous fait à peu près la même impression que si Lloyd Blankfein, le patron de Goldman Sachs, se lançait dans une croisade contre les inégalités salariales.
Il n'est pas sûr que l'appel au "bank run" connaisse le succès escompté par ses promoteurs. Et qu'il réussisse là où la faillite de Lehman Brothers, les défaillances de la Grèce et de l'Irlande ont pour l'instant échoué. Car un "bank run", par principe, ne se décrète pas, ne s'organise pas. Il se caractérise au contraire, comme toute panique, par son imprévisibilité et sa soudaineté. Par un complexe mélange de rationalité et d'irrationalité, sur fond de prophétie autoréalisatrice.

Il faut revoir le film de Walt Disney Mary Poppins et cette scène où M. Banks emmène son fils dans la banque où il travaille pour qu'il y dépose ses économies. Mais quand un des directeurs s'empare de la pièce d'argent du gamin, celui-ci se met à hurler pour qu'on la lui rende. Les clients présents, croyant que la banque ne peut plus payer, se précipitent alors aux guichets, au milieu des cris, pour retirer leurs avoirs, tandis que, dans la rue, se produit un début d'émeute.
Comme l'Allemagne l'a été par son hyperinflation, les Etats-Unis ont été profondément traumatisés par les épisodes de paniques bancaires qui ont eu lieu durant les années 1930. On peut même dire que le but ultime de la politique monétaire suivie par Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale américaine, pendant toute la crise des subprimes, a été d'empêcher de nouveaux "bank runs", aux conséquences - là, Cantona a mille fois raison - dévastatrices pour l'économie. D'éviter que les déposants, n'ayant plus, à tort ou à raison, confiance dans leurs banques, vident brutalement leurs comptes, ce qui oblige celles-ci à liquider précipitamment leurs actifs en les bradant pour faire face à ces retraits.
Au lendemain de la tragique panique bancaire de la fin février 1933, qui avait conduit le gouvernement à fermer tous les établissements, Franklin Delano Roosevelt s'était efforcé, dans une causerie à la radio, de rassurer les Américains. En leur décrivant le plus simplement du monde le métier de banquier : transformer des dépôts à court terme en prêts à long terme.
"Permettez-moi de vous expliquer le simple fait que lorsque vous déposez de l'argent dans une banque, celle-ci ne le dépose pas dans un coffre-fort. Elle met votre argent au travail pour permettre aux rouages de l'industrie et de l'agriculture de continuer à tourner. Seule une petite portion de l'argent que vous déposez est conservée sous forme d'espèces, quantité qui, en temps normal, suffit largement à couvrir les besoins en liquide du citoyen ordinaire."
Pour les économistes Diamond Douglas et Philip Dybvig, qui ont étudié sous toutes les coutures les paniques bancaires, le meilleur moyen de les empêcher consiste à garantir convenablement les dépôts. En Europe, le seuil en sera prochainement porté à 100 000 euros. Ce qui reste, bien sûr, une misère pour un footballeur de Manchester United.