Après la mort d'un jeune à Nantes, les interdictions "d'apéros Facebook" se multiplient - comme vendredi à Aubenas, où il y a eu plus de policiers que de participants. Mais plutôt que de sanctionner, des politiques appellent à la médiation.
Jusqu'à présent hésitantes sur la conduite à tenir face aux "apéros Facebook", les autorités semblent désormais opter massivement pour l'interdiction. Alors que les rendez-vous pour ces fêtes en plein air, plutôt alcoolisées et sans contrôle, s'étaient multipliés ces dernières semaines, un coup d'arrêt a été donné après la mort d'un jeune participant de "l'apéro géant" de Nantes, tombé d'un pont sur la tête alors qu'il avait plus de 2 grammes d'alcool par litre de sang. Exemple significatif : vendredi soir à Aubenas, un de ces "apéros" avait été programmé ; il a été interdit. Tout comme l'avait été, deux jours plus tôt, celui de Montpellier. Mais alors qu'à Montpellier, plusieurs milliers de personnes s'étaient réunies malgré l'interdiction - et sans incident grave - à Aubenas, c'est un dispositif policier musclé qui attendait les éventuels participants. Résultat : quelques dizaines "d'invités" démunis face à de très nombreux policiers, et empêchés de sortir leurs bouteilles par arrêté préfectoral. L'apéro d'Aubenas a donc fait "pschitt". Un autre est programmé samedi soir à Annecy sur les rives du lac : il a lui aussi été interdit. Et le maire de Toulouse, Pierre Cohen, a demandé au préfet de Haute-Garonne d'interdire l'apéritif prévu le 26 juin sur la place du Capitole, pour lequel plus de 16.000 personnes ont confirmé leur présence.
Ces rassemblements non déclarés et organisés grâce à la viralité des réseaux sociaux sont les successeurs des "free parties" ou "rave parties" des années 1990, déjà basées sur la clandestinité, la gratuité et l'esprit de fête. Jusqu'à présent, la manière la plus efficace de les empêcher a été de faire pression sur l'organisateur, quand les autorités ont pu l'identifier. Celui-ci annule alors, la plupart du temps, l'apéritif, mais n'a pas la main sur la suite des événements : rien n'empêche les candidats de se rassembler au lieu prévu, la force du nombre rendant l'arrêté d'interdiction inapplicable.
"On risque de payer une TRES forte amende"
L'organisateur de l'apéritif du Mans, également prévu samedi, prie ainsi instamment les plus de 5000 personnes inscrites de ne pas venir. "On a été convoqué au commissariat et on risque gros, très gros (...) nous sommes jeunes et on risque de payer une TRES forte amende", écrit-il sur Facebook. Et pour interdire le premier apéritif parisien, prévu le 23 mai sur le Champ-de-Mars, la préfecture de police de Paris a contacté l'organisateur sur Facebook et créé sa propre page pour rappeler les risques encourus par les organisateurs et les participants. Le rassemblement a été annulé.
L'organisation de manifestations illicites est passible de six mois de prison et 7500 euros d'amende en France. L'ivresse sur la voie publique est passible d'une contravention. Mais plutôt que de sanctionner, des représentants politiques sont partisans de la médiation. Brice Hortefeux, a convoqué pour la semaine prochaine une réunion de travail sur ces "apéritifs géants" organisés depuis six mois dans des villes de province, dans une véritable course au record d'affluence. Le ministre de l'Intérieur, qui voudrait encadrer et non interdire ces manifestations, a adressé aux préfets un "document d'appel à la prudence" à propos de ces "apéros géants", qualifiés de "festifs mais dangereux". Il rappelle à cette occasion que des règles doivent être respectées, toutes les manifestations sur la voie publique étant soumises "à l'obligation de déclaration préalable".


