Et hop
Roth 2008
ROTH and ROLL.
2008 : une édition très Roth and Roll.
Inscrits 1 an à l’avance, Olivier et moi voulons faire une bonne préparation et « tout casser » à Roth : Sub 10 pour lui et entre 12 et 13 heures pour moi avec comme objectif
1h15’ - 5’ – 6h – 5’ 4h35’. Nous commençons bien l’entraînement et passons allègrement l’hiver 2007 mais tout s’écroule en février 2008 : dépression, arrêt du travail et 2 mois sans sport, sans envie de rien. Le physique lâche à son tour : tendinites, genoux très douloureux … Par-dessus ça se greffe de façon tout à fait inattendue Lanzarote et je me retrouve en juin avec une dépression en progrès mais encore bien présente, une fissure au ménisque, des tendinites aux ischios et au coude droit (traité par ondes de chocs douloureuses mais inefficaces) et surtout plus tellement envie de me traîner à Roth car j’ai été repus par Lanza. De plus je n’ai presque rien fait depuis mon retour des Canaries ; à mon avis c’est encore parti pour une grosse galère et une course Rock and Roll. Le pronostic se confirmera mais pas pour les raisons auxquelles je pensais.
Tout d’abord, après une journée entière de route nous arrivons à Roth… à 300 kilomètres de Roth !! Plus nous approchions, plus les routes devenaient petites et Anne m’avait même demandé en riant si je ne m’étais pas trompé de ville. Elle ne croyait pas si bien dire ! Au moment où nous entrions dans un minuscule hameau Roth (même pas un abreuvoir dans lequel nager), tuckson, inquiet de ne pas nous voir arriver nous a téléphoné. Le temps de traverser le bourg (dans les 30 secondes) nous apprenions que notre destination était 300km plus au Nord. Je suis confus et dépité et mes femmes mortes de rire. La psychiatre m’avait prévenu que les médicaments ajoutés à la dépression laisseraient des traces mais là j’ai fait fort ! On se pose tout près du mauvais Roth et repartons le lendemain.
Et là je découvre le second aspect Rock and Roll : l’organisation. Je n’ai jamais vu ça sur un IM. Au village marathon, rien n’est indiqué et nous avons un peu de mal à trouver la tente de remise des dossards. Je ne vais pas à la pasta party pour rester en famille mais kent notre voisin de champ - nous nous posons dans un champ à 500 mètres du départ, le long du canal – nous dit que c’était vraiment nul. Rien à dire par contre sur le parc à vélos le samedi, si ce n’est que notre sac de transition en jute est posé à même le sol.
Mais le cirque reprend le dimanche matin. Présence obligatoire pour se faire marquer avant 6h du matin, même pour un départ prévu à 7h. Et aucun endroit ensuite pour attendre à l’abri en cas de mauvaises conditions climatiques, ce qui aurait été judicieux en ce jour de forte pluie. Bien entendu, rien n’est fléché et on tourne un peu avant de trouver la tente où c’est le joyeux foutoir : 4600 triathlètes (ne pas oublier les relayeurs) se bousculent pour se faire marquer dans une tente bien trop exiguë. Rien n’est prévu pour se changer et tout le monde se résigne à mettre sa combi et attendre (pendant plus d’1h30 dans mon cas, vague 10) le départ sous une pluie battante, les pieds dans la boue et l’herbe détrempée, à regarder d’un air triste notre sac de transition qui prend allègrement l’eau. Ces sacs de transition en jute sont une excellente initiative sur le plan de l’écologie mais un désastre par jour de pluie. A T2 j’ai récupéré un sac détrempé avec une tenue bonne à essorer. Un vrai plaisir de se changer !
Par ailleurs, le relais est en théorie une idée sympathique mais en pratique cela rend la course plus dangereuse et moins lisible pour les spectateurs : pendant la partie vélo, de purs cyclistes tout frais nous dépassent sans ménagement en nous criant dessus quand nous ne nous rangeons pas assez vite à leur goût alors qu’ils draftent comme des malpropres et pendant le marathon, cela rajoute 1800 fringants coureurs sur des chemins de halage fort étroits.
Et que dire de l’après course ? Une fois de plus, aucune indication, des bénévoles qui ne savent pas. Commence un parcours du combattant pour trouver ses sacs (trempés bien sûr), les douches où tout le monde, hommes et femmes, se change en plein air dans la boue et le froid et réussir à rejoindre son vélo à 800 mètres de là. Personne ne sait m’indiquer où est la navette qui doit nous ramener à T1 à 10 km de l’arrivée et là encore c’est la foire à l’empoigne pour rentrer avec son vélo dans le bus, limite hard rock ! Certains préfèrent faire les 10km à vélo sans aucun éclairage alors qu’il est 23 heures.
Et enfin, le dernier élément Rock and Roll de la course : la météo. Pluie et froid toute la journée !
Le réveil sonne à 5 heures et il pleut à verses. Tout est détrempé et de façon ironique la natation semblera le moment le plus sec de la course. Anne m’accompagne au parc ; je me fais marquer dans la pagaille générale avec Olivier que je retrouve par le plus grand des hasards. Sous la pluie battante je vois aussi Gilles qui trouve que je suis fou d’être venu après avoir fait Lanza il y a un peu plus d’un mois. Une longue, longue attente sous la pluie, les vagues se succèdent et c’est enfin le départ. Je ne ressens pas l’émotion du départ d’un IM : ces départs successifs ne génèrent pas la tension ressentie quand 2000 pingouins tapent des mains en égrenant le compte à rebours. On ne voit rien dans ce canal, que du vert et je n’ose imaginer dans quoi je nage (pisse de près de 3000 triathlètes partis avant moi et, sans le savoir, vomi d’Olivier). Mauvaises sensations, sentiment de claustrophobie… je ne suis vraiment pas heureux d’être là et me « vois » mal nager même si beaucoup de bonnets bleus sont derrière. A la dernière bouée je fais un coucou à Anne et sors de l’eau en 1h20’20, persuadé qu’il ne pleut plus. Je déchante instantanément : il verse toujours « comme vache qui pisse » ou plutôt comme un troupeau entier et je récupère un sac d’affaires absolument trempées. A ma grande surprise et sûrement à celle de mon vélo, je suis le premier de ma dizaine à être sorti de l’eau. Heureusement qu’au dernier moment, juste avant de quitter Barentin, j’avais rajouté 2 manchettes et un léger coupe-vent dans mon sac ! 8’01 à T1 et c’est parti pour un vélo entièrement accompli dans le froid et la pluie. Je suis très malheureux dès le 10ème kilomètre et pense faire demi-tour pendant les 20 km suivants puis me reprends et décide de monter au moins 1 fois le fameux Solarberg afin de ne pas mourir idiot .Je me fais passer par les élites qui respectent les distances et des relayeurs qui draftent comme des malpropres et s’annoncent dans un swoosh swoosh de lenticulaires. Je trouve le parcours plutôt usant, pour gros rouleurs, et ne prends aucun plaisir d’autant plus que je ne vois aucun paysage. Seule la montée du Solarberg est rigolote mais très surfaite (mais il paraît qu’il y avait 2 fois moins de monde que d’habitude). 1er tour accompli à un peu plus de 30 de moyenne et bien sûr je n’abandonne pas mais remets ça : j’ai promis une dédicace à woody ! Je le regrette au 120ème km : scotché sur la route avec un muscle qui veut à tout prix me faire le coup de la crampe (le même qu’à Klagenfurt, vicieux et têtu ce petit salopiot !), froid, trempé jusqu’aux os. Je traîne ma misère pendant 30 km et me promets de ne pas prendre le départ du marathon, il y a des limites à la connerie humaine ! De plus, le vélo souffre : la chaîne grince horriblement sur la cassette et la roue arrière s’est voilée. Heureusement que je passe 3 fois devant le camping-car et mon fan-club qui brave la pluie pour 10 secondes d’encouragement ! La seconde montée du Solarberg se fait à pied à cause des crampes et dans l’indifférence : les spectateurs sont partis et ce n’est que quelques kilomètres plus loin en demandant à un autre cycliste que j’ai réalisé que je l’avais passé pour la seconde fois. 6h46’’2 plus tard (loin de mes 6h espérées) je suis heureux de me débarrasser du vélo et des idées d’abandon plein la tête je me lance (lentement) sur le marathon. Vers le 2ème km, je trouve Gilles qui était parti en vague 8 assis au bord de la route, la tête entre les mains ; je m’arrête, lui parle et nous repartons ensemble. Nous ferons le yoyo pendant 32 bornes, nous soutenant mutuellement puis je pars au 32ème kilomètre juste avant de voir avec surprise Anne et les filles au 34ème km. Je tiens la forme, limite « singing in the rain », et termine en negative split en 5h10’47 dans une quasi-indifférence. Petite dans sur la ligne et dédicace à woody et voilà, c’est fini. Meilleur temps global pulvérisé : 13h33’03 mais le plaisir a été NUL !! J’ai 1000 fois préféré Lanza. Heureusement resteront les rencontres humaines : tuckson, kent… et le voyage en Bavière après.
