J'ai quand même beaucoup de mal à lire des posts où certains trouvent à redire, polémiquer et faire des procès d'intention sur une femme et le sort d'une femme, d'une mère de famille, qui a été enlevée, privée de libertés, qui a vécu comme un animal dans une jungle, qui a été maltraitée, humiliée et privée de ses enfants pendant plus de six ans. Six ans !
Comment ne peut-on pas se réjouir à l'idée que cette femme a recouvré la liberté après six années de captivité pour l'unique "raison" d'être une femme engagée, engagée pour la paix et la prospérité de son peuple.
Comment ne peut-on pas imaginer l'immense bonheur de sa famille, de ses enfants, qui ont vécu un véritable calvaire durant ces six longues années lors desquelles, entre autres calvaires, il leur a été annoncé à cinq ou six reprises la mort de leur mère. Puis l'espoir, puis le gouffre, puis l'espoir...
J'invite ceux qui ne se sentent pas concernés par les femmes et les hommes de paix, à voir la vidéo de son arrivée sur le tarmac de l'aéroport de Bogota, cette nuit, et avec quelle hauteur d'esprit et d'intelligence et avec quelle pudeur aussi elle a répondu aux questions des journalistes, et voir aussi son visage immensément heureux et apaisé, elle qui, trois heures plus tôt, était encore aux mains de ses ravisseurs.
Et même si je goûte peu aux bondieuseries et genouflexions obligées, je dois admettre que sa foi en Dieu et on ne sait pas lequel - cette foi qui l'a très probablement maintenue en vie - est à la fois belle et respectable.
J'ajouterais que tout le monde a été digne hier soir, de Sarkozy à Uribe, les enfants d'Ingrid Betancourt bien sûr, rayonnants, beaux et irradiés, les journalistes également. Sur I-Télé, sur TF1, sur France 2, j'ai vu que toutes les équipes rédactionnelles ont eu l'intelligence de respecter l'événement, sans surjouer, sans pathos... Sans doute parce que pour une fois, l'une des rares fois en matière de direct et d'infos, ce qui se passait sur le tarmac de l'aéroport de Bogota était inclassable, immense, brut et d'une réalité - enfin - qui s'est suffit à elle-même et qui s'est nourrie d'elle-même. Les propos d'Ingrid Betancourt ont très largement contribué à cette séquence
La télévision, hier soir, n'a pas habillé cet événement en spectacle, elle s'est juste fait le relais d'une petite lucarne vers l'espoir et la liberté.

"Etre beau et bien habillé est indispensable. Avoir un but dans la vie ne l'est pas." Oscar Wilde