Belaubre contre le boycott... hummmm.
Ok, c'est un point de vue.
Mais la question qui importe à mon sens, c'est de savoir si c'est aux sportifs ou non de militer pour ou contre le boycott des JO.
J'ai l'impression que depuis quelques semaines, le buzz sur le boycott des Jeux conduit à-peu près à tout et n'importe quoi en matière de réflexions et de démarches.
Chacun y va de son brassard, de sa manche droite relevée, de son bracelet
Free Tibet façon
Livestrong, de son drapeau tibétain brandit au nez et à la barbe des autorités de Pékin, du boycott pur et simple de la cérémonie d'ouverture...
Cela permet accessoirement à des athlètes - non sans sincérité s'entend - de pointer leur bout de nez citoyen et humaniste devant les caméras et les micros de la presse et des télespectateurs indignés, bien sûr.

Grosse indignation, grosse ficelle, c'est toujours la même chanson...
On pourrait même imaginer que certaines pointures sportives profitent de l'événement pour créer le buzz non autour de
Free Tibet mais autour d'eux-mêmes, c'est-à-dire "je suis sélectionné aux Jeux, je suis sponsorisé par Nike et Veolia, je suis beau, grand et fort, les femmes sont folles de moi et je trouve que la Chine, bah, c'est pas bien"

Parce qu'en somme, qu'est-ce que demandent les sponsors à leur athlète ? De la vi-si-bi-li-té
Tout cela me parait cependant désordonné, vain et par trop inefficace.
Tant que la fronde anti-Jeux de Pékin se limite à ce genre de gesticulations médiatico-people, les autorités chinoises peuvent tranquillement préparer leurs petites affaires et continuer à exécuter, en silence.
Très sincèrement, et même si leur rôle n'est pas absurde et inintéressant, ce ne sont pas aux sportifs - à la fois juge et partie en pareil cas - de militer
a posteriori sur le boycott des jeux mais aux politiques.
Le silence et les atermoiements de la diplomatie internationale à l'endroit du CIO (ce sont eux les premiers fautifs) et de Pékin me paraîssent bien plus préoccupants. Cela tend de surcroît à démontrer la thèse de la "complicité" sinon l'amnésie de nos gouvernants quand il y a, d'un côté, de juteux contrats économiques, de l'autre, les Droits de l'Homme. Sans doute parce que, comme l'a dit FanchM plus haut, aucun pays n'est apte à donner des leçons en matière de Droits de l'homme et du citoyen, ni la Chine ni la France...
Et qu'à ce titre, ni Paris ni Washington et bien d'autres ne sont enclins à monter au créneau de manière franche et précise.
Une fois encore, je vais envoyer une petite taloche au-dessus du crâne de nos politiques...
Mais que fait Bruxelles, que fait l'ONU ?
Mais que font-ils bon sang des responsabilités que nous leur accordons ?
Le monde crève la dalle : les chanteurs créent le
Live Aid ou les
Restos du Coeur pour palier les manquements technocratiques de la communauté internationale.
La guerre en Irak : les acteurs hollywodiens montent au créneau.
Pour les sans-papiers, les sans-abris, le Sida, le cancer, les Droits de l'Homme, la liberté de la presse, le rechauffement climatique, même topo : ce sont toujours les mêmes qui font les efforts, et non ceux dont la mission première - utopique certes - est de rendre le monde plus juste et plus en paix. Non ceux qui, cependant, ont tous les moyens et toutes les possibilités politiques de changer la face du monde.
Quelle femme, quel homme politique d'envergure aura le courage de ses opinions, aura le courage de se dresser contre la toute puissance économique chinoise ?
Parce que ni Mesnil ni Belaubre ni aucun bracelet
Free Tibet porté au poignet ne changera quoi que ce soit à la situation.
Et je crains que, malgré l'énorme caisse de résonance que suscitera les JO, le sort des Tibétains n'évoluera guère dans le bon sens - c'est-à-dire l'autonomie proclamée - sitôt les Jeux terminés. Parce que c'est toujours ainsi que ça se passe !
Aux politiques de me faire mentir...

"Etre beau et bien habillé est indispensable. Avoir un but dans la vie ne l'est pas." Oscar Wilde