Boulegan a écrit :Déjà 47 % de forumeurs qui avouent "honnêtement" que si l'occasion faisait le larron, ils se seraient dopés...
J'avoue que cette proportion, quasi du 50/50, m'inquiète et me laisse pantois sur l'état d'esprit du "peloton" triathlètique.
Je vais raconter ce que j'ai déjà écrit, ici, sur le forum.
Le cycliste, je l'ai connu dans un club qui a vu éclore quelques années plus tôt, un certain Richard Virenque. J'ai cotoyé des chaudières notoires, de vrais connards et je pèse mes mots, incapables de monter sur le vélo sans une amphétamines, des "éducateurs" et des soigneurs qui avaient formé le jeune Richard et qui se vantaient des "méthodes" alors en vigueur dans le peloton amateur, méthodes érigées en modèle, c'était comme ça et pas autrement... autrement dit, si tu veux marcher, tu te charges. Des criminels...
Et puis, tout doucement, dans ce club à la sulfureuse réputation, sont venus se greffer de jeunes coureurs, des cadets, des juniors, de bons ex-1re catégorie dont les propos et l'attitude sur le vélo ne laissaient planer aucun doute sur leur probité.
Tout doucement, le "ménage" a été fait, il s'est fait tout seul, selon la méthode de la séparation du grain de...
Tout doucement, n'est restée que la nouvelle génération, des jeunes fidèles à une éthique, convaincus des vertus de l'entraînement, de l'hygiène de vie, du respect des règles... c'était un régal d'encadrer ces gamins, qui n'avaient pas tous des qualités physiques démoniaques, mais qui avaient des qualités morales admirables.
Ce n'était pas simple, à l'arrivée, de constater les dégâts, de positiver un résultat, des échecs, de continuer à leur faire croire en une méthode, à leur faire croire que l'on peut gagner en étant propre, qu'on peut être devant et tout simplement se faire plaisir sur un vélo en étant propre.
Pas simple aussi de désacraliser la victoire, le mot qui tue, le mot le plus usité dans le cyclisme où ne compte que la victoire...
Nous avons surtout enseigné que la victoire n'était pas en soi une finalité, ni dans le cyclisme, ni dans le sport, ni dans la vie. Et surtout pas à n'importe quel prix.
Qu'auraient fait ces gamins si nous, les deux-trois éducateurs, n'avions pas été là ? Je n'en sais rien...
Un seul nous a déçus. J'en ai déjà parlé ici.
Une déception plus grande encore parce qu'il était mon "poulain", une espèce de pur produit "clean spirit", estampillé Boulegan, une vraie fierté quand il a été sacré deux fois champion de France de VTT. Je connaissais son passé, sulfureux là encore, il m'avait fait des confidences qu'on ne livre qu'à un ami, confidences sur les us et coutumes des vététistes français qui trustaient les podiums aux championnats du monde, aux Jeux, en coupe du monde. Des propos confiés bien avant qu'un Chiotti n'écrive son livre-confessions, bien avant que Ch. Dupouey ne se fasse gauler dans l'affaire de Perpignan, bien avant les suspensions de Meraeghe, Vollet et consorts... bien avant qu'il ne tombe lui aussi...
Un soir où plus rien n'allait, plus d'envie, plus de résultats, plus envie de vivre cinq minutes de plus, mon "poulain" s'est confié, en pleurs, sur la manière dont il avait décroché ses victoires, des victoires que je croyais propres, même si le second titre national m'était un peu resté en travers de la gorge.
Cet athlète que j'avais entraîné, "éduqué", convaincu qu'il pouvait bien faire en étant propre, cet athlète en qui j'ai cru, ce connard absolu à qui tout tendait les bras, ce connard qui roulait en BMW avec l'argent gagné indument, ce connard qui a donné en offrande
ad vitam aeternam dans le cercueil d'un ami commun, son maillot de champion de France, souillé par les produits, eh bien ce connard allait se fournir en Belgique, chez un certain Rickaert, devenu "célèbre" avec l'affaire Festina.
Le pire, vous allez rire, c'est qu'avec toutes ses saloperies, il ne m'a jamais mis la roue devant...
J'ai connu un autre vététiste, un jeune "champion" aussi, qui a failli crever à 21 ans, saigné comme un porc aux urgences d'un hôpital après une prise "maison" d'EPO. Sans un massage cardiaque, ce gamin serait mort. Ce jeune biker, titré au niveau national et continental se fournissait aussi chez ce criminel de Rickaert...
Alors, vous voyez, c'est confortable devant un écran d'écrire, oui, si j'en avais eu l'occasion, "honnêtement", je me serais chargé...
Je ne sais si vous mesurez la portée de votre réflexion, de vos propos.
C'est une réaction mue par la lâcheté, une attitude de tocard, c'est user de la facilité, pire encore, en dissimulant sa malhonnêteté derrière des prétextes psycho-sociologiques dont la pertinence ferait pouffer de rire un psychanalyste.
Se doper, c'est emprunter des chemins interdits en toute connaissance de cause, c'est mentir à soi, aux autres, c'est spéculer sur son avenir, sur sa santé, c'est prendre un pari insensé avec sa vie.
Quand je vois que 47 % d'entre nous, pour une médaille et trois lignes dans le journal, seraient prêts à prendre ce risque...
