Il ne reste plus que quelques éducateurs, qqs entraîneurs et dirigeants, qqs sportifs aussi pour croire que le sport est une activité épanouissante, qui rend l'individu meilleur en raison des vertus "poussiéreuses" que le sport d'une manière générale est censé véhiculer. On croit trop souvent - moi le premier - que le sport est le dernier sancutaire des valeurs humaines : respect de l'individu, de l'adversaire, de soi, des règles, vertus d'égalité, d'équité, de fraternité...
Mais en dénouant le bandeau que l'on porte sur les yeux, on constate que le sport n'échappe pas aux lois universelles du fantasme, du moi, du mensonge, de la corruption, en gros, des dérives liées pour l'essentiel à l'argent.
Demeurent quelques puristes, des esthètes, chantres du beau geste, du fair-play, mais avouons qu'ils ne sont pas légions. Il est amusant de constater là encore, combien ce sont eux que les médias, que nos parents, nous montre en exemple, en modèle, détenteurs universels du coffre des vertus, gardiens du temple, des règles, comme si nous tous, avions déjà pris conscience de la rareté de tels sportifs, de tels champions, de phénomènes en somme.
Et d'admettre, finalement, que le sport n'est pas ce qu'il croit être, ce qu'il n'aurait jamais cessé d'être. Cette réflexion, c'est l'aveu de reconsidérer le sport comme aucune signification, aucun autre message qu'un spectacle et rien d'autre qu'un spectacle.
Le Tour de France ? Spectacle...
Le sumo ? Spectacle...
Le football ? Spectacle aussi, opium du peuple qui idôlatre, vénère puis brûle ses icones, entretient les séculaires querelles de clochers, les complexes d'infériorité... l'occasion est trop belle de se valoriser à travers une équipe, à travers un tiers. N'est-ce pas là aussi la même névrose qui conduisent certains parents à "encourager" leur enfant dans une pratique sportive démesurée, inadaptée et par définition, dangereuse ?
Ce qu'il y a de drôle également, c'est que les aficionados de telle ou telle discipline aiment se faire les procureurs, les pourfendeurs des excès des autres, comme si, eux-mêmes, étaient hors-jeu, ni acteur ni spectateur des Jeux du cirque. Logique déni. On le voit notamment durant le Tour de France où chacun s'offusque - à juste titre - des pratiques douteuses et quasi généralisées de dopage dans le cyclisme professionnel, en omettant simplement de penser que par leurs actions positive et/ou négative, encouragements et/ou critiques, ils ne font qu'alimenter le système.
Ce n'est parfois plus de l'alimentation, mais une boulimie... Boulimie d'images, d'argent, de paroles, de scandales (dopage, corruption) qui ne font qu'a-li-ment-ter et nourrir le système.
A mon sens, il n'y a pas d'activité sportive plus ou moins respectacle l'une que l'autre, dès lors qu'elle est sujette aux convoitises, tributaire et souvent esclave de l'image et de l'argent. Le football est-il plus respectable que le rugby ? Le triathlon plus respectable que l'alpinisme ? Le judo plus respectacle que l'Ultimate Fighting ? La F1 plus respectable que le badminton ? C'est exactement la même chose...
Tous les pratiquants sont plus ou moins responsables, à la recherche du moi, sur surmoi, de sensations, d'exploits, de gloire, d'argent parfois, et chacun met sa vie en danger à un moment ou à un autre.
Et c'est cette mort en sursis, cette mise à mort, qui est si jouissive, si populaire, si universelle.
La politique paraît démunie fasse à cette force. Elle ne peut donc qu'être son allié, de circonstances. La politique se joue et joue avec le sport, à coup de subventions, de poignées de mains, de trophées usurpés, de lettres de félicitations quant un athlète brille au nom de la grande Nation. Et puis je ne vois aucun raison objective d'imaginer que la politique - immense cirque s'il en est - se couperait du seul lien superficiel qui le rattache, voire l'accouple, avec le peuple. Il y a finalement tellement de similitudes entre l'un et l'autre...
L'hypocrisie atteint son paroxysme lorsque les politiques s'insurgent des cas de dopage, ici et là, comme s'ils étaient des modèles de vertus, des exemples. C'est un peu la même chose quand un ministre de l'Intérieur vient faire la morale à des jeunes de banlieue... Crédibilité sensiblement égale à zéro.
C'est ainsi, comme l'écrivait justement Phohuu, qu'on balance en pâture quelques proies, quelques cadavres, pour l'exemple, pour que le peuple se fasse les dents (c'est le second acte du spectacle), pour que le peuple croit qu'il a un quelconque pouvoir de vie ou de mort sur autrui.
La boucle est bouclée...
Que faire ?

"Etre beau et bien habillé est indispensable. Avoir un but dans la vie ne l'est pas." Oscar Wilde