ben pour tout ceux qui vont pas sur son blog 
vous verrez , jusqu au bout ,faut pas lacher le bout de gras !!!
Arizona dream
Voyage et veillée d’armes
J’étais partagé entre deux sentiments à l’heure d’embarquer dans l’avion qui allait nous mener à Phoenix. L’inquiétude, car l’entraînement ne me satisfaisait pas au niveau de la quantité, l’hiver pourri m’avait sapé le moral et la confiance, car la semaine d’entraînement effectuée à Nice, au mois de mars, avait été de qualité, j’y avais énormément appris sur la manière d’aborder et de gérer la course mentalement. Finalement, l’objectif était de faire le meilleur résultat possible en donnant tout ce dont j’étais capable histoire de ne rien regretter. Je pensais qu’une qualification pour Hawaii ne serait possible qu’à Lanzarote et en étant quarantenaire mais ce rêve se réalisera en Arizona et à 39 ans bien sonnés ! Au bout des 18 heures d’un fatiguant périple, nous nous installons enfin à notre hôtel dans lequel je retrouve mes marques car c’est le même que l’an passé. Par contre les parcours cyclistes et pédestres ont changé : la partie à vélo est simplifiée et moins tortueuse, le marathon est composé de 3 boucles au lieu de deux et est moins vallonné. Mais, il sera encore temps de disséquer cela plus tard car le plus urgent est de récupérer du décalage horaire car cette année j’arrive sur place 4 jours avant l’échéance et c’est très court au niveau de la récupération.
Après avoir passé une nuit assez brève, je me rends au canal pour nager une vingtaine de minutes. J’ai convenu de ne pas trop en faire avant dimanche car je ne veux pas dépenser de l’énergie inutilement, je veux surtout récupérer et me concentrer. Je passe dans les premiers à l’inscription et ensuite, nous rentrons à l’hôtel pour nous détendre au bord de la piscine puis aller faire un peu de shopping. Il fait chaud et sec, comme l’année dernière, je consulte la météo pour dimanche et elle annonce très chaud, très ensoleillé et très peu de vent. La deuxième nuit est aussi courte que la première et vers 4 heures du mat’, plus moyen de dormir ! J’ai remonté mon vélo la veille et je compte l’essayer sur le parcours durant une vingtaine de kilomètres cet après-midi. Le matin, Fatima m’offre des nouvelles chaussures de vélo à semelles en carbone, je visse mes cales dessous, je les utiliserai pour l’Ironman. Les sensations sont excellentes sur le vélo et je pense que dans ces conditions, ça va rouler vite, il faudra une paire jambes à la hauteur. J’ai décidé de rouler par rapport à la cadence de pédalage de manière à faire tourner les jambes à la même vitesse aussi bien face au vent que vent de dos. Je fais connaissance avec Frédéric, un Français de Sète, rencontré sur le forum d’Onlinetri et qui a vécu un véritable chemin de croix en guise de voyage. Le soir, Fatima et moi, allons voir les Suns contre les Lakers en NBA, le spectacle est toujours aussi emballant et magique. Nous faisons l’impasse sur la pasta-party car le match est à la même heure, nous nous contentons d’une bonne pizza au stade de basket.
Cette nuit, j’ai mieux dormi et je suis, à présent, assez serein et détendu. Je vais nager avec Fred et ensuite je cours 5 km à allure très modérée, la chaleur est déjà bien pesante et la gorge se sèche très vite, il faudra veiller à bien m’hydrater si je veux éviter les surprises. Nous allons porter les vélos et les sacs de transition au parc et je pars avec Fatima faire du shopping, notre sport préféré, à une soixantaine de bornes de Phoenix. Nous allons dîner avec Fred et ensuite je vais chercher mes parents à l’aéroport, ils arrivent de San Francisco pour suivre la course et continuer le voyage avec nous le lendemain de celle-ci. Je me couche vers 23 heures mais la nervosité me gagne assez vite et je ne dors que par épisodes. Je sais que quelques personnes penseront à moi demain, scruteront mes chronos, il faut que cette fois je réponde à l’attente, il faut que je reste concentré du début à la fin, plaisir minimum et efficacité maximum, je ne suis pas un grand doué donc il faut que j’essaye de grappiller du temps partout où je pourrai, que j’aie du courage et que j’aille au bout de mes possibilités.
Jour « J »
Il est 4h et demie quand je me lève, je prépare mes affaires en dégustant une bonne moitié de gâteau Overstim’s. Je m’active en silence afin de ne pas réveiller Fatima qui dort sereinement, je suis assez relax, je suis habitué à ce genre de journée, à présent et je sais tout ce que j’ai à faire. A 5h45, nous passons chercher Fred à son hôtel et nous nous dirigeons vers le parking voisin du parc à vélos. Il n’y a aucune cohue et tout est assez calme dans ce parc où le stress et la concentration dominent. Je me prépare tranquillement en tachant de bien vérifier tous les détails qui contribueront à faire une bonne course et à optimiser la rapidité des transitions. A 6h45, le départ est donné pour les pros alors que nous sommes déjà dans l’eau depuis 10 bonnes minutes. Je me place alors en première ligne afin de ne pas perdre de temps au départ, je sais que ce n’est pas très sportif vis à vis des nageurs rapides mais tant pis, il y a assez de place pour passer à côté de moi et je veux réaliser une natation en 1h05’ pour respecter mon canevas horaire. Je voudrais faire moins de 10 heures et comme il n’y a que peu de vent et que le parcours est plat, je pense que toutes les conditions sont bonnes pour réaliser une performance mais il faudra être bon dans toutes les disciplines, dans les transitions et dans la tête. Hymne national, coup de canon et les 1950 participants s’ébrouent dans ce large canal. J’essaye de mettre du rythme dans les premières centaines de mètres pour me faire un petit espace tranquille où je pourrai nager plus techniquement. Ca se bouscule quand même bien et je prends des coups sur les pieds et dans le dos mais je reste calme en essayant de retrouver un rythme plus lent mais plus efficace. Je suis dans le gras du peloton au moment d’entamer le demi-tour, nous n’avons plus le soleil de face mais un léger courant contraire est formé par le vent durant ce trajet de retour. Je m’écarte involontairement du troupeau et un kayak me renvoie sur le droit chemin, je commence à trouver le temps long mais je n’ose pas regarder ma montre. Je perds un peu de ma concentration et ma nage s’en ressent, j’ai le sentiment que ce n’est pas bon. A quelques centaines de mètres de l’arrivée, je risque un coup d’œil sur la montre : 1h02’ ! Merde, ça commence mal. J’accélère un peu la cadence pour limiter les dégâts mais le chrono est médiocre 1h08’. Il faut courir 200 bons mètres jusqu’au parc à sacs, rentrer dans la tente, se changer et recourir 200 mètres jusqu’à la sortie du parc à vélos, la transition est assez longue mais je l’effectue le plus rapidement que je peux. La natation est oubliée, il faut maintenant mettre les gaz pour remonter un maximum de concurrents et je sais que sur le vélo je peux faire quelque chose de bien. Mon matos est impeccable, ma position confortable et efficace, il n’y a plus qu’à faire tourner tout ça du mieux que je peux.
La remontée fantastique
Je ne sais pas trop où j’en suis mais il y a beaucoup de monde devant moi. Il fait déjà chaud malgré le léger vent mais les conditions sont réunies pour faire une performance valable sur le vélo. J’ai décidé de rouler en me fiant à une cadence de pédalage comprise entre 80 et 90 tours par minute, j’adapterai mes braquets en conséquence. Le parcours est plat sauf dans les 5 derniers km du trajet aller où il y a 2 faux plats, ce sont de longues lignes droites égayées par quelques virages à 90 degrés où il faut relancer. Je suis bien en place sur ma machine et je m’hydrate bien toutes les 10 minutes tout en gardant la position aéro grâce au bidon placé dans le prolongateur. Le vent est contraire à l’aller mais la moyenne est bonne et au demi-tour j’enlève quelques dents derrière mais je garde la même cadence de pédalage, je ne me laisse pas entraîner par les farfelus qui mettent tout à droite et qui roulent au-dessus de leur force vent de dos, je les reverrai sûrement au troisième tour. Je boucle le premier tour à du 36 km/h de moyenne, j’ai remonté pas mal de concurrents et mes sensations sont excellentes. Je bois davantage et je m’asperge d’eau car il fait de plus en plus chaud, je dépasse Fred vers le 80ème km et je continue sur le même tempo. A l’entame du 3ème tour, je ne dépasse plus grand monde et il semble que je suis déjà à ma place, je vais essayer de rentrer en 5 heures, le dernier trajet aller se passe bien et je suis assez surpris de constater que je suis toujours à 36 km/h de moyenne à l’attaque des 30 derniers km. Cool, vent dans le dos, ça va être une promenade pour rentrer dans les temps mais le vent a tourné quelque peu et le retour n’est plus aussi aisé. Je m’énerve un peu, je rate un ravitaillement et je cafouille un peu ma rentrée vers Tempe. En relançant, je sens des pointes de crampes qui apparaissent mais je m’en fiche, je donne le maximum et on verra bien après. J’envoie encore du gros dans les derniers km et je rentre comme un furieux dans l’aire de transition. Le volontaire attrape mon vélo alors que déjà je cours vers le parc à sacs en enlevant le casque et les lunettes. Je crève de mal aux jambes mais je fais une bonne transition. Je ne prends pas ma ceinture car les gourdes sont brûlantes et que ce ravitaillement ne sera pas suffisant, j’ai vu qu’il y avait énormément de sacs dans le parc et je me dis alors que je suis dans les 100 premiers.
Marathon douloureux
mais Un coup d’œil sur ma montre m’apprend que je dois finir en 3h40 pour atteindre mon objectif de passer sous les 10 heures. Le marathon est composé de 3 boucles de 14 km dessinées comme un nœud papillon avec une boucle de 8 km et une méchante petite côte, le passage au village Ironman et une autre petite boucle de 6 km avec les 2 fois un passage au-dessus du canal. Les premiers 8 km sont un vrai calvaire, mes mollets sont au bord de la crampe et mes quadriceps sont extrêmement douloureux. Les images de Klagenfurt défilent dans la tête et le spectre de l’abandon me hante quelque peu. Au 6ème km, je stoppe aux WC, je pisse et je fais le point. Je ne veux pas abandonner et je décide de courir comme je peux et de marcher aux ravitos en pressant de éponges sur mes jambes, je n’ai pas du boire suffisamment sur le vélo, c’est vrai que la chaleur est énorme. Je passe devant Fatima et mes parents, je fais signe que ça ne va pas trop bien mais je ne m’arrête surtout pas. Je referai le point à la fin du 1er tour mais j’ai très mal aux jambes, je passe le 1er tour en 1h20, j’ai mon petit rythme et peu de concurrents m’ont passé durant ce tour donc je continue sur ces bases et on verra ce que ça donne au 28ème km. Dans ce 2ème tour, je dépasse des files entières de marcheurs qui entament leur 1er tour et ça me dope le moral, j’essaye d’adopter un rythme sans à coups pour éviter la crampe fatale qui m’obligerait à stopper. Cela va un peu mieux au fil des km, je prends des gels et je m’hydrate énormément car le soleil tape dur, je boucle ce 2ème tour en 1h15. Je regarde la montre et je vois que pour rentrer en moins de 10 heures, il faudrait que je coure à, minimum, du 12 km/h, impossible dans l’état où je suis mais je me motive en pensant qu’une qualif est possible en moins de 10h10, il faut y aller, mon gars. Je continue au même rythme sur la boucle de 8 km et je décide de vider mes tripes sur les 6 derniers. Je suis vraiment à fond dans ce dernier tronçon, je sais que parfois ça se joue à la minute donc je ne lâche rien, de toute façon je battrai, au pire, mon record vélo et mon chrono au général, mais que je regrette cette natation. Les marcheurs me regardent courir en haletant comme si j’étais un cinglé alors que l’arrivée se profile, je sprinte alors que personne ne me suit et je passe en 10h08’. Je n’ai rien savouré sur cette course, j’ai été concentré dès la 1ère minute jusqu’à la ligne, j’ai tout donné, je ne peux pas avoir de regrets. Je retrouve Fatima et mes parents, tout va bien.
L’après course à la Hitchcock
Mon habituelle chute de tension ne passe pas et malgré que je sois couché les pieds en l’air, je me sens vidé. J’ai, en plus, la nausée, j’adorerais vomir les 300 litres de Gatorade que j’ai bu durant cette journée. Mes épaules et mon dos sont brûlants. A chaque fois que je veux me lever, je tourne de l’œil, je suis comme une loque. Mon père appelle les brancardiers et je rejoins les quelques agonisants sous la tente dont Bella Comerford qui est dans un triste état, comme dab. Ce n’est que 2 heures plus tard et une perfusion glucosée que je suis enfin requinqué, ma famille, qui m’attend avec inquiétude, me signale que les premiers résultats sont affichés. On s’y rend et je découvre avec joie que je suis 69ème au scratch et 12ème de ma catégorie. Bon boulot et je suis persuadé à ce moment que je me suis qualifié de haute lutte. Il y a juste un détail c’est que j’avais promis à Fatima que je n’irais de toute façon pas puisque la naissance de notre fille est annoncée pour la mi-septembre…Je la regarde avec mes yeux d’épagneul breton, et si c’était la chance de ma vie et si ça ne se représentait plus. Je me suis tellement battu pour ce rêve que ne pas l’exhausser me ferait vachement mal. Quand j’ai promis, je me disais qu’en étant un des plus vieux de ma catégorie et avec l’hiver qu’on a eu en Belgique, cela ne le ferait pas…Je vais rechercher Frédéric à l’arrivée, il a bouclé en 11h30 et après avoir mangé, nous rentrons à l’hôtel. Je vais sur l’internet et je constate qu’il y avait 13 places l’année dernière. Je ne dors pas de la nuit et je me rends à 7h30 pétantes à la table d’inscription pour Kona, non sans avoir été chercher les 485 dollars nécessaires à valider le slot. Stupéfaction, car sur la liste reprenant ma catégorie la ligne fatidique s’arrête juste au-dessus de mon nom, il n’y a, en fait, que 11 places comme l’année dernière mais il y avait eu 2 désistements. Mon cœur se serre, j’ai la nausée, à 1 minute et demie près, je ne suis pas avec. Le type me dit que l’enregistrement se termine à 9 heures, je retourne à l’hôtel prévenir ma famille que je dois attendre le roll-down, et je reviens aussitôt sur les lieux. Je vais acheter mes photos alors que les listes se remplissent petit à petit. A 9 heures, alors que je deviens liquide, le gars me dit que c’est bon, qu’il reste 2 places. Je suis fou de joie ! Je discute avec le 14ème de la caté et il me dit qu’il ne sait pas ce que le 13ème va faire…Finalement, le slot lui échappera pour 6 secondes ! Après le déjeuner, la remise des prix, les discours interminables (Lovato : 20’) et les vidéos, l’appel commence et quel sentiment merveilleux d’aller payer son slot à cette table et de recevoir ce certificat de qualification. Je pense aussi à tous les gars qui m’ont soutenu en pensée et à Benj’ qui m’a donné confiance en mes moyens.
La course était super bien organisée, les volontaires, nombreux, toujours aussi enthousiastes et c’est avec la tête dans les étoiles, que je prends la direction de Las Vegas, début d’un périple de 2500 km, avec ma Fatima et mes parents. La leçon que j’en tire, c’est que tout se joue à la minute près et qu’on ne peut jamais se relâcher durant cette longue journée. A l’analyse des résultats, le 11ème de ma caté me dépasse dans le dernier tour à pieds et me prends 1 minute et demie ! Les 2 qui me suivent sont aussi à 1 minute et demie mais ont couru en 3 h 34 et 3h 29, il était temps que j’arrive…Ouf !
BRAVO FIRO 
