Boulegan a écrit :
Baisse des charges = flexibilité = plus d'offres, donc plus de turn-over, donc, période de chômage réduite, moins de craintes de l'employé de perdre son boulot du jour au lendemain (sachant qu'il peut en retrouver un autre rapidement), moins de stagnation, économie en perpétuel mouvement, etc. CQFD.
Tu m'excuseras, mais je sais encore de quoi j'ai besoin en tant que patron et responsable d'une petite entreprise, puisque je le vis au quotidien. Il y a trop de gens qui parlent sans être à la place des principaux intéressés, et donc, vous restez théoriques ça n'a pas de réalité.
Le souci est qu'il y a obligatoirement moins de patrons que d'employés. Donc, une vision toujours très carricaturée de ce qu'est un patron.
Alors qu'en général, le patron sait ce qu'est être employé, puisqu'il y ait quasiment passé avant de faire le grand saut.
Boulegan a écrit :
La comparaison est triviale
Pour René, le triathlon, comme tu dis, c'est une passion, mais c'est avant tout un choix. Coûteux, à tout point de vue. Les rares satisfactions qu'il en retire, c'est ça sa nourriture, son salaire. Et il y a eu des périodes où il n'y avait rien à manger dans l'assiette, sinon du pain noir. Ce n'est pas faute d'avoir tapé aux portes (clubs, municipalités). A la fin, tu finis par te lasser et te décourager. Comme quoi, pour reprendre ce que tu disais l'autre jour, "quand on veut, on peut", ça ne marche pas forcément.
En fait, je connais peu de gens qui éprouvent une réelle passion dans leur boulot au point d'y passer 50 heures/semaine, pour des clopinettes comme tu dis. Et qui prendraient tant de risques matériels et financiers sur leur vie future pour leur passion ?
Tu ne peux pas comparer un athlète "vraiment à part" qui a fait le choix de vivre à fond sa passion du sport et du triathlon et le marché du travail.
J'aime l'esprit, c'est le même que le mien (vécu pendant 4 ans une situation comparable au niveau de ma boîte, même rythme, mêmes ressources). Et je ne trouve pas ça si trivial.
René fait son boulot. On parle de boulot. Sauf qu'on a déconnecté le fait qu'avant tout, l'activité principale de sa vie devrait être issue sinon d'une passion, au moins d'un intérêt et ça solutionnerait pas mal de problèmes fondamentaux.
Boulegan a écrit :En tout cas, ton post était intéressant, merci.

De rien.
J'essaie depuis un certain temps de réfléchir un peu à cette situation que je trouve totalement abhérente, mais qui franchement me fait peur. Je ne pense pas faire partie du clan des "vieux" - quoique -, du moins, pas plus vieux que René

, j'ai des gamins, et ce que je ne veux surtout pas, c'est qu'ils deviennent comme la jeunesse d'aujourd'hui. Qu'ils aient justement une culture du travail, mais du côté passion, de se donner à fond sans toujours réfléchir à la contrepartie, en dehors de la satisfaction personnelle qu'une attitude vers l'avant apporte.
Alors j'essaie d'envisager des trucs:
Puisque beaucoup refusent la sélection, le mérite par rapport aux autres, donnons un salaire "moyen" à tous, annulons l'exclusion, et demandons alors de ne se concentrer sur le boulot. Mais par contre, attention à celui qui profite du boulot des autres, immédiatement mis au banc. Bref, sélection quand même, parce que dans un système 100% communautaire, il faut refuser ceux qui vont essayer de profiter du système (donc là aussi dérive).
En fait, on connait un peu ce mode, il a été expérimenté, mais ne convient pas. Retour case départ.
Autre option: il ne faut pas oublier que notre système scolaire, étudiant est gratuit. Le fameux service publique. C'est financé par quoi? Par chacun de nous, actifs, dont entreprises. Et une fois que ces étudiants sortent, sans avoir payé le prix réel de ce service avec un privilège dont nous (j'en ai fait partie) pas toujours conscients (les études c'est fait pour apprendre, pas juste pour avoir un diplôme bachoté, c'est théoriquement un cursus qui intéresse ceux qui s'y sont engagés - toujours le même problème: dans la vie, on ne sait pas ce qu'on veut, on se fait limite chier, donc, on fait chier les autres parce qu'on ne sait pas ce qu'on veut).
Alors, pourquoi les étudiants ne devraient pas, à leur sortie, une part de ce qu'on a investi pour eux, pour la société, pour mettre désormais en pratique dans le cadre professionnel ce qu'ils ont appris, pendant une période donnée, proportionnellement à ce que l'école leur a apportés (disons 2 ans, tiens??

). Sans se poser de questions de salaire, mérite ou autre.
J'en vois déjà arriver: oui, mais y aurait des patrons qui en profiteraient parce qu'ils ne prendraient que des gens comme ça pour s'enrichir, les précariser...
Donc, fondamentalement, le problème reste le même, et est beaucoup plus profond.
Le souci, c'est que les personnes ne se respectent pas, et quand il y a 2 parties, les 2 essaient de tirer la couverture. C'est bien ce qui se passe dans le contexte du CPE: les étudiants, syndicats ne sont pas d'accord avec les propositions, parce que ça ne leur convient pas. Je ne vois franchement de proposition qui fasse l'unanimité, parce qu'un emploi bien payé, pépère, à vie, ça n'existe pas, ou c'est déconnecté de la réalité économique.
Si seulement un jour, les gens étaient tout simplement vraiment respectueux des valeurs qu'ils defendent soit-diant - sans se cacher derrière des idéologies qui leur conviennent bien parce qu'ils ont qque chose à en retirer -, désintéressés donc, on n'aurait absolument pas besoin de parler de CPE, ni même de contrat ni autre.
On aurait simplement des personnes avec une conscience professionnelle, des rôles différents, chacun pourrait se faire confiance, et comme au final, du boulot il y en a pour TOUT le monde (suffit de regarder autour de soi). C'est simplement qu'aujourd'hui, il y a du boulot à faire d'un côté, et d'un autre, ceux qui veulent gagner du poignon à vie sans bosser, parce qu'on est dans une culture de non contrainte, parce que moins on a de contraintes, moins on s'implique pour les autres et mieux c'est.
Suffit de voir dans des contextes associatifs où l'on ne parle généralement (mais là aussi dérives!!!!!) pas de rémunérations, mais de bénévolat: tu as toujours un bureau qui se lève les fesses, des passionnés, et à côté, à de rares exceptions près, des adhérents qui sont là pour qu'on leur donne: qu'on leur donne des courses à courir (mais les organiser ou filer un coup de main pour que les autres puissent courir, ah non, merde!!! on va pas filer un coup de main), qu'on leur fasse des licences pas chères, qu'on leur remboursent leurs inscriptions....
Cet égoïsme m'épuise.
Mon approche personnelle est beaucoup plus radicale et basique. Ca va faire hurler, mais bon, j'assume:
quand on regarde autour de soi, on s'aperçoit que notre environnement est naturel. On a essayé de se l'approprier à la manière classique: en imposant à la nature notre manière de faire, la destruction, le court terme. On va dérouiller et on est en train déjà de dérouiller.
Mais, fondamentalement, quand on regarde bien la nature, elle est régie par la loi de la nature (celle qui nous régit aussi - mine de rien): rien n'est précaire, tout est équilibre, parfaitement stable (on peut s'appuyer sur le mouvement des planètes pour lancer des satellites, avoir des horloges qui fonctionnent, se soigner - stabilité des structures), mais en perpétuel mouvement tout de même.
La sélection existe, se fait de manière naturelle, n'en déplaise à beaucoup, mais de manière parfaitement équilibrée et "sociale". Les espèces coexistent pacifiquement, se développent les unes avec les autres, et pas les unes au détriment des autres. Les structures de société (plus développées qu'il n'y parait et surtout que notre bonne société de m... quand on s'y penche un peu) sont organisées, les parents soucieux du développement de leur progéniture, sans assitanat. Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes - jusqu'au moment où ce diable d'être humain rentre dans la boucle, et là, ça devient le bordel.
Il serait temps que l'être humain rabaisse son caquet et se dise qu'il s'intègre dans le système, et qu'il n'est en rien l'espèce supérieure et qu'on ne lui doit RIEN, mais qu'il doit TOUT.
Et si la nature faisait grève? Si la nature commençait à gueuler parce que ses conditions de travail sont précaires, parce qu'il y a une espèce qui commence à lui courir sur le harricot parce qu'elle l'exploite?
(En fait, c'est peut-être ce qui commence à se passer)
Alors, c'est sûr, ça dépasse le cadre du post, mais tout ça pour dire, que le CPE n'est qu'une infime partie de notre iceberg de merde immuable qu'on fait grandir chaque jour par notre incapacité à regarder l'intérêt des autres et de ce qui est à côté de nous, et notre égïsme fondamentalement ancré dans nos chères habitudes et acquis sociaux.
Bref.
Allez, Terminé. Vais descendre du nuage
La vie est quand même sacrément belle.