pascalator a écrit :aie !
le débat est vif...
je ne sais pas si c'est par pure flemme ou si c'est devant l'ampleur de la täche que les "anti-cpe" ne se répandent pas en réponses ici...
toujours est il qu'en lisant les posts précédents, où on bave sur les syndicats, les jeunes "fils à papa qui font grève", les feignants qui trouvent pas de boulot, alors que c'est bien connu, il y en a partout, les bienfaits de la compétitivité, dela performance, on est dans un monde de requins, gnagnagna...
ben tout compte fait je comprends mieux d'un coup l'état d'esprit moyen voire moyen moins qui règne sur pas mal de nos courses entre concurrents, vis à vis des règles, des arbitres, des organisateurs, etc.
le chacun pour sa gueule et Dieu reconnaitra les siens, ça a été combattu pendant de longues décennies dans ce pays, pour aller vers la république, la citoyenneté, la laïcité, et j'en passe.
les populistes ont de beaux jours devant eux, dans un contexte économique et social créé par nous, et qui fait la part belle à l'individualisme aveugle : "celui qui veut, il peut"; et bien non, les mecs, ça marche pas ça, ouvrez vos esgourdes, lisez par exemple l'excellent point de vue de Michel Serres, qu'on peut pas taxer d'être la moitié d'un con, dans Aujourd'hui en France hier mardi; on est malheureusement bien loin de pouvoir dire que celui qui veut, peut.
alors moi je continuerai à me mobiliser autant que celà sera nécessaire pour que mon fils de cinq ans puisse aller à l'école publique, bénéficier d'une sécu, trouver un job où il s'éclate, et aie envie de faire à son tour des enfants qui aient la chance de vivre dans un pays où on reconnait que l'individu prime sur le modèle économique.
Sans offenser personne, c'est la meilleure chose que j'ai pu lire sur le sujet..., dix pages d’un coup, modem en panne depuis trois jours.
Voilà expliqué, à mon sens, l'aspect disons philosophique et humaniste de ce débat, d’un côté ce qui va mal et vers quoi l’on tend à en croire les réactions de certains, mues par une intolérance et un égoïsme totalement décomplexés - c'est-à-dire le chacun pour soi, le repli sur soi, l'égoïsme, la marchandisation des individus, l'exploitation de l'Homme par l'Homme et tant pis si la précarité s’accentue – comme s’il fallait l’accepter comme une fatalité, mieux, comme un progrès.
De l’autre, des solutions, pour une société plus solidaire, une société à visage humain.
Je suis comme Galouzeau, j'écoute les revendications des uns, des autres, plus ou moins terre à terre, plus ou moins comprises, plus ou moins bien commentées, récupérées, instrumentalisées, minimisées, selon qu'on se trouve à l'est ou à l'ouest...
Ce que je retire de ce que j'ai lu plus haut, c'est chez certains une incompréhension globale des problèmes de société et une déconnexion de la réalité, une intolérance à l'autre et un égoïsme masqués derrière des erreurs grossières, une inculture certaine et des lieux communs, du style chômeur = fainéant, jeunes = branleurs, universitaires = fils à papa.
Ce que je retire de ce que j’ai lu plus haut, c’est « tout le monde contre tout le monde », c’est marche ou crève, c’est un monde moderne de loups et de brebis gâleuses où les faibles n’ont plus leur place…
Je n’ai vraiment pas l’impression de vivre dans ce monde-là, ni envie d’évoluer dans une société de ce type voulue par certains, ici.

Pour commencer, le CPE est anticonstitutionnel. Le conseil d'Etat planche en ce moment sur ce contrat de travail "miracle" et il y a des probabilités (si l'on s'en tient à la Constitution, à la Loi quoi

) que le Conseil d'Etat invalide cette loi (votée démocratiquement certes par l'Assemblée, après recours au 49.3, sans préalable, sans négociation, les vrais démocrates apprécieront). Peut-être que de Villepin attend la décision du CE, ce qui lui évitera d'admettre avoir pêché par précipitation et arrogance.
Pourquoi le CPE est-il anticonstitutionnel ? Tout simplement parce qu'il est inégalitaire, à plus d'un titre, il bafoue les droits élémentaires du code du Travail. Je ne suis pas juriste, ni spécialiste en Droit constitutionnel, mais ce que je sais, c'est qu'une loi ne peut pas être inégalitaire. Point.

LE CPE, c’est avant tout l’erreur d’un homme, arrogant, arc-bouté sur ses certitudes, droit dans ses bottes, à mille lieux des réalités de la France, qui n’a ni consulté ni négocié. De Villepin fait de la résistance pour un contrat de travail, un énième, condamné tant par les étudiants, les salariés, les syndicats que par les politiques (même de l'UMP), mieux, par les chefs d'entreprises (MEDEF) et les responsables des PME.
Le CPE, une réforme ?

La vraie réforme, tous les chefs d'entreprise l'appellent de leurs voeux depuis 20 ans : la baisse des charges patronales.
C'est à cette unique condition que les patrons embaucheront. Sans arrière-pensées, sans craintes. Combien sur ce forum sont chefs d'entreprise ou connaissent des chefs d'entreprise ? Combien aimeraient embaucher du personnel sans pouvoir le faire ? Quel est le véritable frein à l'embauche ? Qu'elle est la solution pour donner du travail aux demandeurs d'emploi et permettre aux patrons d'embaucher ? La baisse des charges.
Alors, pourquoi le gouvernement Villepin et Raffarin, Juppé, Jospin auparavant qui se veulent de grands réformateurs, nous proposent-ils des ersatz de réforme plutôt qu'une vraie réforme, attendue des patrons et des salariés ? Villepin le libéral, Villepin le bureaucrate, Villepin l'autoritaire, jamais élu par le peuple, n'a rien trouvé de mieux que le CPE pour s'imaginer faire baisser le chômage, c’est d’un aplomb et d’une outrecuidance qui dépassent l’entendement.

J’aimerai aussi élargir le champ de la « réflexion » concernant le racisme anti-jeunes que j'ai pu lire, plus haut.
A se demander si certains l’ont été, où et comment...
C’est tellement caricatural que je comprends mieux les craintes des jeunes de se faire « exploiter » par les adultes…
Je trouve personnellement plutôt encourageant que les jeunes se mobilisent, prennent part au débat (qui échappent aux politiques, tout comme la réalité du monde), à leur destin, et pensent à leur avenir.
Je trouve plutôt enrichissant et preuve d’une certaine maturité qu'ils revendiquent et descendent dans les rues pour crier leurs peurs de la précarité, de l’exclusion et d’un avenir très incertain.
N’avez-vous donc jamais manifesté, pour une cause, noble ou pas ?
Et vous, à 16, à 20 ans, que connaissiez vous de la vie, que connaissiez-vous du marché du travail ? Est-ce donc une raison, selon vous, pour fermer sa gueule et tout accepter, sans broncher ?
Je saisis mal l’attitude de certains, ici, qui fustigent l’idée même que les jeunes aient des plans de carrière sitôt leurs études terminées, aient envie de fonder une famille, de devenir adulte.
Parce que selon vous, il est logique qu’un jeune avec un niveau d’études Bac + 3, 4, 5 ou 6 soit payé l’équivalent d’un smic, corvéable et malléable à souhait, sur un siège éjectable deux années durant, sans perspective réelle d’avenir, sinon une succession de CPE jusqu’à l’âge de 26 ans révolus ? Auriez-vous acceptez à un CPE ? Soyez honnêtes...
Pour se plier à quoi ? A un « modèle » libéral ?
Est-ce un délit d’aspirer à une vie meilleure ? Est-ce un crime de vouloir gagner sa vie convenablement ?
Alors, dites-moi aujourd’hui, avec le CPE, quel est l’intérêt de faire de longues études (que les étudiants, dans une grande majorité, se payent en faisant déjà des petits boulots) si l’on sait qu’à la sortie, c’est un CPE qui vous attend ?
Parce que selon vous, un chef d’entreprise va être assez stupide pour proposer un CDI à 2500/mois à un - 26 ans – aussi compétent soit-il - alors qu’il peut lui faire proposer un simple CPE ?
Et pourquoi faudrait-il donc attendre 27 ans pour être considéré, en France, comme un salarié à part entière ?
Et quid d’une femme qui aimerait attendre un enfant pendant son CPE ? Virée ! Sans motif, sans protection, sans rien… Quid d’un type qui voudrait se syndiquer, revendiquer ses droits élémentaires du travail, lutter contre les abus du patronat, défendre acquis sociaux gagnés par des décennies de luttes et de manifestations par nos parents et nos grands-parents (ah, ces Français, font que de gueuler… mais si nous avons des congés payés et une protection sociale, c’est parce des jeunes et des salariés, en leur temps, se sont battus, pour nous). C’est en cela que le CPE est inégalitaire et injuste.
Ce qui m’attriste, c'est que ce mépris des jeunes est durablement et implicitement installé, larvé et entretenu par les élites pour qui les jeunes et les vieux – qui ne sont pas productifs aux yeux de la société – sont quantité négligeable.
Tant est si bien que dans notre belle République, la jeunesse et les sports sont associés au sein d’un seul et même ministère, ministère qui dispose d’un budget énorme comme tout le monde sait…
C’est dire l’intérêt que nos élites – qui n’ont jamais pris la mesure des jeunesses successives, sinon les engrammer à devenir des consommateurs décérébrés - accordent tant à la jeunesse qu’aux sports.
Notre société est malade de ces communautarismes, de ces racismes, de ces conflits générationnels, de nos jeunes et de nos vieux - qu’on a soit dit en passant laissé crever en 2004 pendant que les politiques et nous-mêmes étions en vacances, en bras de chemise.
Et comme l’a bien écrit Pascalator, d’un contexte social fabriqué par nous-mêmes.
La jeunesse n’est pas corvéable, ce n’est pas à elle et seulement elle à faire preuve de souplesse et de flexibilité, qualités prétendues de l’Homme moderne dont de Villepin est un extraordinaire VRP.
La jeunesse, ni personne, ne doit être bradée ou sacrifiée au nom du libéralisme.
Des solutions équitables, justes et en adéquation avec la mondialisation (qu’il est inutile de nier) existent, toujours faut-il avoir le courage politique, l’ouverture et l’intelligence de les imaginer.
"Etre beau et bien habillé est indispensable. Avoir un but dans la vie ne l'est pas." Oscar Wilde