Silver0l a écrit : 14 avr. 2021, 11:25
Z__orglub a écrit : 14 avr. 2021, 09:28
Silver0l a écrit : 14 avr. 2021, 08:49
Si c'est important. Toi tu te places du point de vue du salarié, mais place toi une seconde du point de vue de l'entrepreneur ou de l'investisseur. En France, le montant des prélèvements est tel, que si tu as le choix, bien souvent tu vas choisir d'implanter ton siège, ou ton usine, ou tes labos de recherche... ailleurs qu'en France.
En plus, la fiscalité est tellement complexe, le nombre de taxes tellement élevé, que même si tu es de parfaite bonne foi, si tu as un contrôle fiscal sur quelques années d'activités, tu peux être à peu près sûr que tu vas avoir oublié quelque chose ou calculé certains montants sans être en cohérence parfaite avec les règles byzantines de l'administration fiscale, et soumis à des redressements plus ou moins douloureux. Il en résulte que bien des entrepreneurs vivent dans la hantise du contrôle fiscal, ce qui ne crée pas les conditions favorables à l'éclosion des sociétés qui font l'économie d'aujourd'hui et de demain, les Google, Snowflake, Moderna, SpaceX... qui même si elles sont parfois dirigées par des Français, se sont montées ailleurs qu'en France. En France si tu regardes le CAC40, tu n'as que des boîtes centenaires, on s'appuie sur notre histoire, aux USA, tu regardes les plus grosses capitalisation, tu n'as que des startup des 30 dernières années (Google, Amazon, Apple, Facebook, Microsoft, Tesla...). C'est tout notre drame: nous avons tout fait pour faire fuir nos entrepreneurs qui sont allé ailleurs faire leurs affaires.
Les boites que tu cites sont dans le secteur de l'informatique. La "tech" comme on dit maintenant. Elles ont toutes été crées par des gens qui étaient déjà aux USA, et le plus souvent qui ont étudié dans des universités américaines, et bénéficié des talents locaux. Google n'aurait jamais pu émerger en France parce qu'à cet époque, personne ne bossait sur les moteurs de recherche. Par ailleurs, les américains ont un esprit d'entreprenariat et ont accès à du capital beaucoup plus qu'en France. Même le PDG français de Moderna n'est pas un entrepreneur, c'est un salarié comme toi et moi qui n'a jamais monté la moindre boite. Les français de Snowflake ont passé une bonne partie de leur carrière dans des boites américaines. Le mythe de l'entrepreneur qui quitte de la France pour monter sa boite pour y payer moins d'impôts n'est que ça, un mythe.
Avant tout, il faut des compétences, et en France, on n'est pas compétitif en informatique par rapport aux américains. Notre système de grandes écoles sélectionne sur les maths, dispense des enseignements généralistes et souvent plutôt théoriques. La fac n'a pas les moyens de correctement former les étudiants. Les enseignant chercheurs n'ont pas le temps de faire de la recherche etc... tout ça n'est pas le bon environnement pour faire émerger des entreprises novatrices. Et vu la tendance, ça ne le sera jamais. Les grands plans de recherche en France sont des pansements, et des promesses qui ne se réalisent jamais. Aux USA, ils mettent le paquet.
Pour Moderna, tu n'arrêtes pas de nous parler d'entrepreneur, mais avant tout, il a fallu développer les méthodes, et ça s'est fait dans des universités américaines.
Tu as une vision très biaisée du système éducatif français, et de l'opposition enseignement généraliste en France vs. enseignement pratique aux USA.
La force de notre système, c'est justement un très bon niveau en math, dans les aspects théoriques. Si tu fais un moteur de recherche, ou de l'IA, ou des systèmes financiers, ou du Big Data, ou des systèmes de compressions de données, ou des puces quantiques, ou des fusées qui arrivent à se reposer sur Terre, ou plein d'autres choses... c'est avant tout des maths de très bon niveau, et c'est pour ces compétences que nos ingénieurs sont recherchés dans le monde entier.
Tu dis par exemple "Google n'aurait jamais pu émerger en France parce qu'à cet époque, personne ne bossait sur les moteurs de recherche", mais il n'y a rien de plus faux. Renseigne-toi par exemple sur l'histoire d'Alta Vista, d'Exalead, de
François Bourdoncle, de
Louis Monnier... Ces gars là auraient pu faire le Google français, ils avaient les idées pour ça, mais le système français rend impossible l'émergence d'un Google en France. La fiscalité des stock options rend complètement impossible le recrutement des talents nécessaires (les stock options sont un moyen de rémunérer les gens avec des promesses quand on n'a pas d'argent), la fiscalité sur le capital rend impossible l'émergence de Venture Capitalist équivalents à ceux que l'on trouve dans la Silicon Valley etc etc. On a les gens, les idées, la recherche qui vont bien, le problème est dans l'environnement social, financier, fiscal et administratif qui est foncièrement hostile aux startups quand on le compare à ce qui se fait en Israël, aux USA, en UK etc.
Je ne prétends pas que les maths ne servent à rien, mais niveau enseignement/recherche en informatique, on n'est pas compétitif face aux américains (sauf quelques domaines niche).
Louis Monier a passé sa thèse en 1980, et il s'est barré aux USA pour bosser chez DEC. Et ça 10 avant même l'existence du web ! Donc je maintiens, quasiment personne en France ne bossait sur les moteur de recherche à cette époque. Je ne prétends pas qu'il n'existe pas de français brillants qui peuvent contribuer à ces choses là si on les place dans l'environnement adéquat, mais la recherche sur ces thématiques ne se fait pas chez nous, et elle ne s'y est jamais faite.
Tiens, regarde le programme d'une des plus grande conférence de systèmes
https://www.usenix.org/conference/osdi2 ... l-sessions
Dis moi ou sont les français, et comment dans ces conditions espérer qu'une startup émerge chez nous ?
Au passage la Californie où toute cette innovation est générée a un régime fiscal particulièrement désavantageux aux USA.
Bon, mais tous ça c'est des banalités. Et tu le sais bien, ce sont les américains qui ont quasiment tout inventé dans cette discipline. Forcément, ils partent avec 10 longueurs d'avance. C'est pas qq pourcent dans un taux d'imposition qui va renverser la tendance. Au passage, tu parles d'Israel et du royaume unis, je cherche encore les Microsoft, Apple et Google israeliens.
Sinon, tu parles de fiscalité des stock options, mais je serais curieux d'avoir les chiffres, c'est pas impossible que ce soit encore du bullshit à la Silver et qu'on soit moins imposé en France la-dessus qu'ailleurs.