Blueboy a écrit : 14 oct. 2020, 13:00
Alors vas-y, on te regarde !
En vrac total, j'y reviendrai si j'ai le courage/envie/un truc à dire/éclaircir :
Silver0l a écrit : 14 oct. 2020, 10:54
La vraie question importante c'est: pourquoi toutes ces boîtes émergent aux USA et pas chez nous? Dire comme Marc4Tri que leur réussite a "été imposé par les grands patrons et les politiciens qui leur ont déroulé le tapis rouge", c'est être complètement aveugle et sourd à la réalité, c'est être par pure idéologie dans le déni le plus total, et donc se rendre incapable de réagir.
Déjà ca c'est faux, ce qui a permis leur développement c'est comme dit par Marc4Tri qu'on leur à fourni le terrain pour grossir. Les politiques fiscales, le déterminisme social du self made man américain.
Il y a aussi une grosse partie juridique, des licornes comme wirecard ou Klarna (qui ne sont pas américaines) n'existent que parce qu'elles sont dans des flous juridiques qui leur permettent d'atteindre des capitalisations énormes sans fonds propres en adéquation avec leur business model.
Le vrai problème est qu'on ne sait pas transformer la recherche en innovation. L'innovation, c'est la recherche qui porte tous ses fruits lorsqu'elle rencontre la multitude, lorsqu'elle est déployée à l'échelle de la planète. Et ça, force est de reconnaître qu'à ce jour seuls les américains (et les Chinois dans une moindre mesure) savent le faire à l'échelle.
Ou ont la possibilité de le faire ! je deteste utiliser des cas particuliers mais pour une fois ca pourra éclairer un peu. L'inventeur de la carte à puce sur les CB est un francais. Parce que les lobbys américains ont fait en sorte que dans une grosse partie du monde on paie en lecture magnétique. La carte à puce sur les CB n'a jamais été rentable => on en revient sur le terreau favorable pour le déploiement par les acteurs en place et la politique.
Si tu te fais massacrer par le fisc et l'URSSAF avec ce genre de revenu, évidemment que la tentation sera grande d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte.
Sauf que les gens n'y vont pas, ailleurs.
les études (réalisées aux États-Unis ou l’imposition varie selon les Etats) montrent que la part de super-riches qui se déplacent pour profiter d’avantages fiscaux n’est pas significative, même en cas de fort écart. Si j'ai le courage je retrouvais les études américaines, en attendant un article sur l'ISF.
https://blogs.alternatives-economiques. ... tribuables
Mais le mal est plus profond. Pour une boîte qui démarre, il est évidemment impossible de payer ce genre de salaire. Que faire alors? La solution est connue et éprouvée: les stock options..... En tant que salarié, même si tu n'es pas très bien payé, si tu crois à la boîte dans laquelle tu entres, il y a une possibilité de jackpot que tu ne trouveras nulle part ailleurs
Alors c'est vrai que l'usage des stock options a très fortement réduit. Mais les start up continuent à filer massivement des parts à leurs employés.
Au delà du débat sur la retraite par capitalisation ou régime général. Il y a une question de volonté d'investissement. Les francais sont un des peuples les plus riches du monde.
Pour remettre les choses en perspective : nous avons 702000 millionnaires en France, hors résidence principale. Ce chiffre passe à 2,4 millions de millionnaires tout patrimoine confondu, soit à peu près 1 adulte sur 14. Avec 4000€ nets par moi de revenu, un salarié est dans le top 8% de l’échelle des salaires. Si on considère un taux d’épargne à 33% (la moyenne est de l’ordre de 20% (15% pour l’épargne immobilière + 5% pour l’épargne financière)), et une progression des prix de l’immobilier de l’ordre de 6% par an (borne haute de la région parisienne) il faudra de l’ordre de 19 ans pour atteindre le patrimoine médian Français. Si a contrario on a salaire médian 1789€ et l’héritage médian, on ne met que 10 ans à atteindre ce niveau d’épargne.
Seulement les francais investissent peu dans les sociétés, c'est encore une fois un déterminisme politique.
Je plussoie l'utilisation de l'argent des retraités pour redynamiser l'économie, mais au contraire de ton idée qui utilise l'argent de vieux riches pour les rendre encore plus riches je préférerais qu'on les impose.(1)
(1) pour remettre une nouvelle fois dans le contexte : Le capitalisme a permis de réduire drastiquement la pauvreté et les inégalités dans l’absolu (on a créé des super riches et homogénéisé les déciles de gens les plus pauvres). Il n’est pas optimal mais il n’est pas aussi mauvais qu’on veut nous le faire croire. Faire croire que c’est des « hauts cadres en télétravail sur l’Ile de Ré » qui pilotent l’économie c’est aussi signe d’une profonde méconnaissance de l’économie d’aujourd’hui et ça renforce un clivage déjà existant entre des classes sociales qui devraient se serrer les coudes dans leur intérêt commun plutôt que de se chier dessus. Ces hauts cadres ne sont que rien de plus que des pions (pour ne pas dire des chiens de garde) des oligarques (on leur fait miroiter qu’en touchant 400k par an ils sont ou pourront un jour devenir riches - ce qui n’est plus possible aujourd’hui(2) – de telle sorte qu’ils défendent les intérêts des super riches par du prosélytisme et des votes LR/LREM – assez bien décrit dans le livre « Il n’y a pas d’alternative, trente ans de propagande économique »)
(2) Nous vivons aujourd’hui dans une société d’héritiers, l’énorme majorité des patrimoines et revenus des ménages et des riches plus spécialement vient de l’héritage (sauf pour les 40% les plus pauvres qui ne reçoivent rien ou presque et le reçoivent tard dans leur vie, le reste oscille globalement entre 60 et 100% de leur fortune et revenus issus de l’héritage) – très bien écrit dans le livre « les nouveaux héritiers » de Piketty. Des solutions il en existe mais les gens sont paradoxaux, 90% des gens sont pour une réduction des inégalités, mais 63% sont opposés au revenu universel, 64% sont opposés à une refonte des impôts successoraux, 68% sont contre les actions visant à limiter les APL, 61% sont contre une remise à plat du régime des retraites, alors que toutes ces actions ont prouvé être sources d’accroissement des inégalités.
En comparant les chiffres des inégalités sur le site inegalites.org : une phrase que je trouve intéressante et qui est selon moi à mettre en perspective est celle-ci “les générations plus récentes ont en moyenne un niveau de vie plus élevé que ne l’était celui de leurs parents ou grands-parents. Mais ce phénomène est de moins en moins vrai, alors que les jeunes sont mieux formés”. Cet extrait laisse entendre que les nouvelles générations ne sont pas à plaindre puisque “ont en moyenne un niveau de vie plus élevé” mais si on la compare aux travaux de Boudon dans “l’inégalité des chances” on s’aperçoit que c’est une constante de société peu importe la catégorie sociale de nos ainés, c’est un phénomène normal et qu’on se doit de faire en sorte d’entretenir pour qu’on n’arrive pas à une perte lente et générale des acquis sociaux.
Malgré de moins en moins de gens qui travaillent, il est de moins en moins rentable de travailler : 35% environ aujourd’hui (En 2015, selon l’enquête Emploi, la population active au sens du BIT est estimée a 28,7 millions de personnes de 15 ans ou plus en France métropolitaine. Elle regroupe 25,8 millions d’actifs et 2,9millions de personnes au chômage. On a donc 65% de la population qui ne travaille pas encore, pas ou plus.
Les chiffres des patrimoines médians, des revenus médians, les chiffres de l'âge de la primo accession n’ont de cesse de reculer et il faut de plus en plus de temps pour se constituer un patrimoine malgré l’inflation des salaires.
En résumé les propriétaires du capital sont vieux et le sont de plus en plus là où les travailleurs sont de plus en plus pauvres et pour qui l’avenir est de plus en plus sombre.
Il y a plein d'autres facteurs (notamment fiscaux et réglementaires) qui expliquent l'absence de fonds d'investissement dignes de ce nom dans notre pays, et donc l'impossibilité de capitaliser proprement nos entreprises les plus prometteuses, mais celui-ci est emblématique. On adopte une posture soi-disant moralement supérieure, mais son vrai effet, pervers et ultime, est d'appauvrir l'économie française et les Français, et d'enrichir encore un peu plus Jeff Bezos et consorts.
Réglementaire essentiellement.
Rien n'est tout blanc ou tout noir, mais l'impossibilité pour l'Etat d'investir sur le marché primaire y contribue fortement.
Mais il faut également être conscient du système qu'on promeut. Le système français a ses limites mais je le préfère à beaucoup d'autres :
-> le fonctionnariat est le premier ascenseur social, je suis content qu'on ait "beaucoup" de fonctionnaires
-> sur les 500k à 1m de morts dus à la crise de 2008, environ 1500 seulement étaient en France grâce à nos protections sociales
-> On est dans un des pays avec le moins de pauvres en Europe et donc j'ose imaginer dans le Monde.
-> Beaucoup de jobs n'ont (vision qui m'est très personnelle) qu'une utilité que je définirais comme sociale, c'est à dire qu'ils servent à insérer socialement les gens qui l'exercent (attention, je ne juge pas tel ou tel métier, le mien fait probablement partie de la catégorie que je vise). Je milite donc pour un revenu universel et qu'on développe des alternatives à l'insertion des gens dans la vie de la société.
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