Marc 4 tri a écrit : 03 oct. 2020, 11:57
Evisims a écrit : 03 oct. 2020, 11:21
Et le GJ français, on sait pas trop de quel côté il est...
Il veut être plus protégé par l’état, mais veut pas que l’état n’impose quoi que ce soit (et accessoirement tente d’en décrocher avec ceux supposés le protéger des qu’il en a l’occasion).
Il veut de meilleurs services publics mais ne veut pas payer d’impôts.
Oui ils ont en commun ce côté anti système dégagiste.
C est pas évident de trouver une nature politique au GJ français (moins structuré dans le temps que le Gj US), à la base c est des automobilistes qui étaient contre la taxe carbone, puis c est devenu un grand fourre tout de gens exaspérés. Le seul point en commun c est les revenus, plutôt bas voire très bas. Donc c est une illustration d une certaine forme de lutte des classes.
Les gilets jaunes c'était au début un vaste fourre tout de gens qui n'avaient qu'un point commun: le dégagisme et la haine de Macron.
Mais sur le même rond point, tu pouvais avoir des gars qui se plaignaient de l'assistanat généralisé et à 10 mètres d'autres qui demandaient la hausse de tous les minimas sociaux, des petits patrons exaspéré par les taxes carbone ou autres, et des chômeurs au RSA qui gueulaient pour leurs APL. Voire des fois les mêmes qui demandaient les 2 à la fois sans voir la contradiction. Pas forcément que des bas revenus d'ailleurs, des VRP, des petits patrons, des libéraux, des infirmières ou des fonctionnaires qui roulaient beaucoup en diesel...
Comme c'était un vaste fourre-tout, il rassemblait du monde, mais il était évidemment impossible de donner une cohérence politique à tout ça: à chaque fois qu'une "figure" émergeait, elle se faisait aussitôt flinguer par une partie du mouvement. Strictement rien de constructif, aucune offre politique ne pouvait sortir de cet agrégat, et lorsqu'aux européennes on a eu des listes GJ, elles se sont logiquement lamentablement ramassées.
Au début, le mouvement étai tellement fourre-tout que l'on pouvait voir dans la même manif défiler des identitaires et des black-blocs, unis par la seule détestation du pouvoir, opposés sur tout le reste, à tel point que les castagnes à l'intérieur même des manifs n'étaient pas rares. La seule revendication qui pouvait unir un peu, c'était le RIC, c'est à dire la non-revendication par excellence, puisqu'elle ne revendique rien d'autre que le droit de revendiquer . A la fin, les "gauchistes" ont pris le pouvoir sur le mouvement, ce qui lui a donné un peu plus de cohérence idéologique avec la montée en force des Social Justice Warriors. Mais alors, arrêtant de ratisser large, il est devenu complètement anecdotique et violent, manipulé par les blacks blocs (ceux qui démolissent les agences bancaires et autres symboles du capitalisme), ne rassemblant plus que quelques centaines de personnes au lieu des centaines de milliers du début.
Le mouvement des GJ est tout à fait assimilable au Trumpisme. Trump est le génie politique qui a réussi à donner une cohérence politique (ou du moins une apparence de cohérence) et une incarnation au giletjaunisme US. Il a réussi à fédérer les frustrations de l'équivalent américain des GJ. Le génie de Trump est d'avoir complètement renversé l'appareil du Parti Républicain (la droite) pour faire la convergence des colères de gauche et de droite, en conservant le vote conservateur traditionnel, minoritaire, mais en récupérant en plus le vote ouvrier, traditionnellement de gauche, et en rejetant H. Clinton du côté du "système", des grandes banques, de la mondialisation. Trump est l'exact contraire idéologique de Macron. Trump s'est bâti contre l'establishment républicain, contre la droite traditionnelle, contre les grandes entreprises (elles sont toutes contre Trump, à commencer par Amazon, Microsoft etc) pour fédérer les colères de droite et de gauche contre le système, contre la mondialisation, contre le libre-échange, contre les médias, contre les scientifiques qui dénoncent le réchauffement climatique etc etc.