Bardamu a écrit : 05 mai 2020, 22:39
Silver0l a écrit : 05 mai 2020, 20:53
Oui, très instructif.
Montre bien pourquoi on ne pouvait pas agir plus tôt, pourquoi personne n'avait anticipé l'ampleur de la crise en Occident, pourquoi ce sont les mêmes qui s'opposent à toute action qui ensuite accusent le gouvernement d'avoir agi trop tard, pourquoi on ne peut pas se fier à l'avis des experts pour prendre des décisions, pourquoi les gouvernements populistes sont pires que les autres, pourquoi la crise économique à venir est au moins aussi grave que la crise sanitaire en cours, pourquoi ceux qui ont une foi inébranlable en la chloroquine sont avant tout des gens du Sud de la France anti-parisien à tendance complotiste, pourquoi il n'y a pas de bonne stratégie de déconfinement, pourquoi chacun intrumentalise la crise pour renforcer ses convictions antérieures, pourquoi il nous faut accepter l'incertitude etc...
On n'a pas écouté la même conférence on dirait..
Oui, on dirait que tu l'as écoutée avec tes propres biais cognitifs.
Bardamu a écrit : 05 mai 2020, 22:39
En revanche il est bizarre ce Monsieur quand il considère que les biais cognitifs seraient universels et pas perturbés par les facteurs culturels. Comment explique t'il alors la façon dont les pays asiatiques ont appréhendé la crise ?
Ben si, c'est très bien expliqué (voir à partir de 7'05").
On a un biais cognitif qui consiste à réagir par analogie avec des faits précédents similaires.
En Asie, l'expérience similaire était celle du SARS de 2002-2003: on savait qu'une épidémie de ce type pouvait faire des milliers de mort, qu'il fallait s'y prendre très tôt pour la juguler, et que le port du masque permettait d'entraver sa propagation (d'où un usage généralisé des masques bien avant 2019).
Pour les Européens, la crise similaire précédente était la crise H1N1 de 2009. C'était notre modèle mental.
En France, le consensus général (notamment des médecins...) était donc que l'on avait sur-réagi par rapport à la crise, et que Roselyne Bachelot avait cédé aux lobbys des Big Pharmas en dépensant pour rien des centaines de millions d'argent public pour "une petite grippe".
Dans les autres pays non asiatiques, le consensus est que ce genre de crise reste contenu dans les pays d'Asie à l'hygiène douteuse, mais qu'on arrive à cantonner l'épidémie dans ces pays et qu'on reste bien isolé chez nous.
Bardamu a écrit : 05 mai 2020, 22:39
Par ailleurs pour ta remarque sur les régimes populistes pires que les autres, c'est à se taper le cul parterre. Combien de morts par habitants en Hongrie, en Pologne, en Tchéquie, en Russie ?
LOL! Regarde ce qui se passe au Brésil, en UK, aux USA, et ce qui est en train d'arriver en Russie... Ce qui frappe par dessus tout dans les régimes populistes, c'est la capacité à enchaîner le déni, puis la dramatisation à outrance, puis le rejet de la faute sur les étrangers, puis le recours aux frontières comme moyen majeur de protection, puis les mensonges sur le nombre réel de décès, pour un bilan total catastrophique. L'auteur explique bien pourquoi on a tendance à exagérer considérablement les différences entre les endogroupes ("nous") vs. les exogroupes ("les étrangers"), comment cette exagération est exacerbée dans les régimes populistes, et comment elle conduit à une sous-estimation majeure de l'appréciation des risques (cf à partir de 14'50" sur la vidéo).