Otillo2019
On a beau y être déjà allé ,
On a beau savoir un peu à quoi s'attendre,
Faut le dire,
C'est qd même du brutal.
Des distances brutales,
Une nature brutale,
Oui, une course brutale.
"Voir Sandhamn,
Nager le pig swim,
Courir le semi d'Orno
Et pleurer à Uto... " était notre mantra 2017.
Il sera notre en 2019.
Départ de course moral au beau fixe par une météo maussade.
Arrivés 2 jours avant en Suède , nous avons profité de l'ambiance de la délégation française et des amis swimrunners étrangers (le swimrun me fait faire de ces progrès en anglais !

), nous entamons l'épreuve en ayant le sentiment d'avoir maîtrisé ce que nous pouvions maîtriser en amont .
Cette fois ci, notre Dame de la chatte n' est pour rien quant à notre présence sur la ligne départ.
Le début très technique permet de rentrer progressivement dans la course sans risque de sur régime.
Les bras tournent gentiment en nata, les jambes répondent étonnamment bien.
Les miennes tout du moins... car sur une dalle rendue glissante par le crachin, Nad se tord violemment la cheville, faisant craindre le pire.
Les nata fraîches contribuent à estomper ses douleurs mais dorénavant chaque réception, chaque imprécision d'appui s'accompagnera d'un cri de moins en moins étouffé.
Serrer les dents
et serrer les dents, au jeu du courage, je suis avec un monstre.
Si la météo s'améliore au fil des heures, les nata n'en deviennent pas plus simple.
Beaucoup de houle et vent 3/4 face .
Je suis mal à mon aise, très instable. Est ce là, la limite des pulls oversize qui maintiennent trop à la surface ? J'ai l'impression d'être un petit bouchon de la ligne 6 (#quelmytho) .
Au contraire, Nad est impressionnante.
Sur ces portions les plus mouvementées, elle passe devant.
En crawl polo pour s'orienter, elle semble voler à la surface.
Sur le 1400 du pigswim et la 1000 suivante, oui c'est elle qui tient la baraque.
Ndlr :
Sur le "plat ", je m'efforce qd même de rappeller qui est le pull rider.
Être en mouvement, s'arrêter le moins possible, c'est se rapprocher du but et surtout retarder les effets néfastes du froid qui inexorablement nata après nata effectue son travail de sape.
D'ordinaire peu penché sur les choses du divin, je me surprends à ressentir sur ma peau dans les épisodiques rayons de soleil qui déchire les nuages, quelque chose du Supérieur.
Voilà on y est.
Orno,
sa réputation,
son semi,
son cimetière des prétentieux et des illusions perdues.
Nad a depuis longtemps son masque de guerrière, prêtresse du feu sacré, maîtresse du voyage.
Bien qu'en avance sur les cut off, nous sortons la règle à calcul pour ne pas risquer le hors délais à la fin de la section.
Le temps passe si vite quand on explose.
Alternant petit trot pour elle- petit trop pour moi- et marche rapide, elle imprime le rythme.
Foutu rythme avec lequel je me suis bagarré toute la saison.
Nad veille sur moi.
Régulièrement, je reçois la becquée.
Cette longue càp est aussi l'occasion de partager de vrais moments de couple, des moments vrais plutôt

.
Du "J'arrête pas de péter, il paraît que c'est bon signe" au "ah ça y est je pisse c'est trop bon", tout y passe.
Qu'on se le dise, Le french swimrunner est romantique and it's so cute.
Bon, On n'est pas là pour flirter et encore moins avec les cut off.
Le dernier est passé finalement largement (on pourra dire quand même à tonton dimanche que c'était un semi marathon de 18km)
et c'est un grand soulagement.
Mais paradoxe cynique, il faut vite redescendre sur terre
pour se remettre à l'eau.
Le vent a forci autant que nos forces ont diminué.
Il soulève les moutons sur les crêtes des vagues et réveille les démons de ces 4 dernières nata qui nous tuent alors qu'on est déjà mort.( citation bardamu 2017)
Le bout du tunnel est au delà de ces quelques îlots, minuscules sur la carte qui nous semblent pourtant être des continents maintenant que nous ne courrons plus du tout.
Un dernier ravito, quelques gobelets d'eau chaude dont un de soupe, Allo lucidité es tu là ? dans la combinaison,
une dernière nata attaché à mon poisson volant et arrive le meilleur de la journée.
"No more swim, welcome to uto, island of love".
Celui là doit être le bénévole le plus aimé de la Terre,
celui que tout le monde veut embrasser.
Reste juste un peu plus de trois bornes pour..
Pourquoi d'ailleurs ?
Profiter ?
Se dire qu'on l'a fait ? Eh les copains on arrive ?!!
Que c'est chouette la vie, de faire des trucs comme ça ?
Oui, juste finalement regarder devant, comme dans la vie.
"On a vu Sandhamn,
On a nagé le pig swim,
On a couru le semi d'Orno
Et j'ai (encore) pleuré à Uto..."
