Ca se tient aussi.geraud a écrit : 18 juin 2018, 23:19 Quand tu dis que Froome n'a laché que des écarts minimes qu'il savait pouvoir reprendre, qu'il a fait le Giro en mode entrainement,... je trouve que tu es quand même beaucoup dans la caricature.
Moi je dirais plutôt qu'il a su gérer son début de course pour que sa période de moins bien (sa chute le premier jour + peut être le fait de prévoir d'être au pic de sa forme plus tard dans la course) ne génère pas des écarts rhédibitoires. Et que la Sky a su oser ce qu'il fallait le vendredi. Mais Froome ou pas Froome, Sky ou pas Sky, le jeudi soir il avait pratiquement course perdue.
La Sky joue parfaitement le vendredi, mais un coup comme ça, même eux seront très loin de le réussir à chaque fois. Il a fallu courir au millimètre, sans connaître la moindre défaillance ou le moindre incident, bénéficier aussi du fait que ses adversaires étaient sur la pente descendante (si Yates reste au top une journée de plus, et s'associe à Pinot et Dumoulin, ce n'est pas la même course. Pinot, vu son état le lendemain, et visiblement la nuit du vendredi au samedi, difficile de croire qu'il était encore à 100%...), des circonstances de course (les deux colombiens en mode "gentleman", qui ne passent pas un relais, les tergiversations à attendre Reichenbach ou pas)... bref tout un tas de choses que la Sky ne pouvait pas maitriser, et pas même prévoir.
Tu recours l'étape du vendredi 10 fois, Froome perd le Giro 9 fois à mon avis. Tout ça pour dire que je ne vois pas du tout la Sky lacher du lest, en se disant "t'inquiètes; de toute façon vendredi, sur une attaque loin de l'arrivée, on reprend 3mn ou plus à tout le monde"
Après effectivement, le samedi n'a été qu'une formalité.
Mais il y a un contexte, celui d'une participation à polémique, au regard de ses "valeurs anormales" enregistrées en fin de Vuelta 2017. Au regard d'une équipe Sky dans le collimateur des suiveurs, des médias et des téléspectateurs.
Je crois les dirigeants de la Sky suffisamment fins et intelligents pour écrire l'histoire de leur leader à l'avance.
L'étape du vendredi, comme tu l'appelles, c'est du millimétré, du sur-mesure, de l’orfèvrerie. Je pense au contraire que si tu "rejoues" l'étape 10 fois, 10 fois ce sera dans le mile pour la Sky.
Mais c'est une supposition, je te l'accorde, parce que ce genre de coup-là, on le voit peu, très peu dans le cyclisme moderne. J'ai cru entendre Patrick Chassé et Cyrille Guimard que pareil "exploit" remontait à 1956, sur le Giro tout du moins.
Sur la "maîtrise" des éléments dont tu parles, je ne pense pas qu'il faut voir les choses de cette manière.
Le scénario, c'est la Sky et Froome qui l'écrivent et qui l'accomplissent sur le terrain. Les éléments extérieurs, peu importe. C'était écrit que la Sky fasse un gros tempo dans le Colle Delle Finestre pour asphyxier tout le monde, qu'il s'échappe de si loin pour faire l'écart nécessaire à l'obtention du maillot rose le soir à Bardonecchia.
S'il avait fallu que Froome accélère, si Dumoulin ou Carapaz avaient pris sa roue, je pense que Froome n'aurait eu aucune difficulté à les "éjecter" dans Sestrières ou dans l'ascension terminale.
La course et les coureurs ont fait que Froome s'est retrouvé seul à mi-pente du Finestre. Il a pu gérer son écart, son avance, calculer le temps à gagner pour prendre le maillot le soir même, "en restant dans mes limites" a-t-il dit à l'arrivée de l'étape.

