EMBRUNMAN 2015

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Gadagne
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Inscription : 02 juin 2015 14:28

Re: EMBRUNMAN 2015

Message non lu par Gadagne »

Je te rends la pareille :idea:
kikinou242003
Messages : 1
Inscription : 21 sept. 2015 12:58

Re: EMBRUNMAN 2015

Message non lu par kikinou242003 »

whopic a écrit :Bonjour à tous.

Je ne suis pas très actif sur le forum, fuyant les polémiques et autre chahutages habituels des forums de discussion, mais voici pour ceux que ça intéressera le Cr de mon premier embrumamn.

Amicalement

EMBRUNMAN

Pourquoi?

Une fois le challenge de vichy surmonté en 2013, l'inferno vaincu en 2014, l'alpe d'huez à plusieurs reprises, j'avais envie pour cette saison d’agrafer à mon modeste palmarès, un grand nom du triathlon, peut-être pour me donner l'impression de rentrer totalement dans ce monde de tarés de triathlètes ...
Évidement, ce ne sont pas les ironmans de référence mondiale qui manquent, mais un nom revient souvent dans les discussions très peu variées de triathlètes entre eux: EMBRUNMAN !!!
Une réputation de dur à cuire, très dur à cuire, avec un dénivelé de malade sur un format d'ironman !!! Pour les dates, ça le fait, le 15 août, juste un petit hic: c'est 15 jours après l'alpe d'huez que j'aimerai faire aussi pour sa dixième édition. Qu'à cela ne tienne, on verra bien. c'est dit !!! cette année, le gros morceau ce sera EMBRUNMAN, enfin plutôt le très gros morceau !!! plus question d'un temps quelconque, comme pour l'inferno, je me demande si je suis capable de le faire, de le finir simplement.

Analyse:

C'est dit OK, mais pour le moment, je ne me sens pas capable de faire ça !
L'état des lieux est le suivant:
3800m de natation: je ne suis pas un très bon nageur, pas même un bon nageur, voir pas un nageur simplement, mais j'ai déjà fait cette distance, je m'en sortirai, j'ai l'endurance nécessaire à défaut de technique.
288 km de vélo avec 5000m de D+: Déjà là ça se gâte sacrément! La distance c'est faisable, même si je l'ai pas fait souvent. une fois 207 bornes, et une fois 180 à Vichy, mais rarement plus de 100 à l’entraînement. Et puis là en plus, ça grimpe, et ça grimpe encore beaucoup dans les 80 bornes qui suivent l'izoard (petit col réputé des alpes). C'est là que ma course se jouera en grande partie, j'en suis conscient, et il va falloir adapter mon entraînement cette année. Et en guise d'adaptation, va surtout falloir intensifier et durcir en terme de dénivelé.
Le marathon: Arrivé à ce stade d'une telle course, pour moi marathon ça veut tout et rien dire. Je ne sais pas ou j'ai trouvé les ressources à vichy pour mon premier ironman, et je ne sais pas comment je ferai à Embrun. Ce que je sais, c'est qu'il faudra y être préparé au mieux également. on verra sur place !!!
ça c'est du plan !

Préparation:

Le triathlon, et un ironman particulièrement, ça se prépare toute l'année, alors c'est dit, il va falloir mettre à profit l'hiver aussi. Le hic, c'est qu'au programme, il y a aussi le marathon de paris avec ma chérie au mois d'avril. Alors ça organise de fait mon entraînement. L'hiver axé sur la course à pied, puis dès le marathon passé, je renforce le vélo, le tout en essayant de nager régulièrement.
Deuxième Hic, c'est qu'aux vacances de noël, trois sorties de skating ont eu raison de mes genoux. Inflammation du TFL droit, et douleurs persistantes dans les 2 genoux, sans que la radio ou l'IRM n'expliquent pourquoi. Résultat, janvier et février hors service. rien de rien, le moindre essaie de vélo ou de course est très douloureux, même quand je nage, je ne peux même pas pousser sur le mur de la piscine.
Je prends mon mal en patience, mais ça n'évolue pas. j'essaie à nouveau de petits entraînements fin février. En fait quand je cours, je n'ai pas mal, seulement le lendemain, mais pas vraiment pire. c'est décidé, je ne m'écoute plus trop et je reprends progressivement, d'abord courir, puis le vélo, le tout avec glace et en stoppant les anti-inflammatoires. Heureusement, les séances de kiné m'aident.
Il me reste un mois et demi pour préparer le marathon. je gère très progressivement la reprise, et je pourrai bouclé le marathon pas trop loin du temps que j'aurai aimé. Mais mes mollets passeront un sale quart d'heure. Ça reste un super souvenir partagé avec ma chérie, Stéphane et sa femme.
Quelques jours de récupe, et je pars sur le vélo. Je démarre molo puis je commence les sorties dénivelées, en espérant que les acquis en course à pied profiteront.
Cette fois ci, je reste prudent, et mon entraînement se passe bien. Plusieurs triathlons d’entraînement s’enchaînent, Rumilly, bourg, Annecy, Machilly, puis arrive le fameux de l'alpe d'huez. Là, ça ne se passera pas bien du tout, mais ça, j'ai déjà raconté. J'en tire rapidement les conséquences pour revoir mon programme durant les 15 « petits » jours qui me séparent d'Embrun.

J-15:
Gros allègement de l’entraînement ! juste pour entretenir et faire marcher un peu les muscles. Deux sorties vélo de 50/60 bornes, deux en cap de 8 et 10 bornes, et un peu de nage en eau libre. Je mange et je fais du jus. Pas question d'arriver à Embrun aussi fatigué qu'à l'alpe d'huez. Je fais attention à ce que je mange, mais pas de trop grosses restrictions. Les derniers jours, je m'accorde encore de la tarte ou de la sauce avec mes pâtes. je veux me sentir bien. Je ne me gave pas non plus de boisson hydratante. je reste le plus proche possible de mes habitudes, sans faire d'excès, ni dans un sens ni dans l'autre.
Arrivé à Embrun, je récupère mon dossard, on passe jeter un oeuil rapide sur le site, et Claire et moi rejoignons l’hôtel. Repos et siestes, 72 heures sans courir ou rouler. Je me fais violence, toujours l'impression de ne pas faire assez !
Vendredi soir, je me couche, assez angoissé, et sur que je vais en baver le lendemain avec le temps prévu. J'aurai préféré des conditions chaudes que pluvieuses en ce qui me concerne, mais je sais aussi que j'ai un coté warior dans les conditions difficiles. Àa me booste ! je souhaite juste ne pas avoir de pluie avant d'avoir redescendu l'Izoard.

Embrunman Jour J:

Réveil 4h du matin avec ma fan et femme d'amour. Je mange quelques trucs qui me font envie, je m'habille, et on décolle avant 5h. Le vélo est déjà sur place depuis la veille, et mes affaires étaient déjà prêtes dans la caisse pour une fois.
30 minutes de route, et en arrivant, le site est inabordable. on se résout à se garer plus loin et on finit à pied, avec mes petites affaires dans la fameuse caisse fournie. Pour un départ à 6h je ne suis pas hyper en avance, le temps de passer les différents sas, je peux me préparer dès que j'arrive dans l'aire de transition. J'enfile la combine sur mon maillot de bain, et je laisse le reste sous ma chaise dans des sacs poubelle pour que ça reste au sec. j'ai prévu de me changer en totalité à chaque transition, pour privilégier le confort dans cette très longue course.
J'entends le speaker qui parle et interview je ne sais plus qui, le président de la FFTRI je crois. Cette personne dira que le secret d'embrun, c'est d'arriver à l'Izord sans avoir donné un coup de pédale. Bon, tout est relatif, ça représente 80 bornes avec plus de 1000 de D+ pour arriver à l'Izoard, mais ce conseil me parle, et je garderai ça en tête pour tout le vélo.
5h50,les femmes partent, mais nous, nous sommes toujours parqués dans l'aire de transition. Ils nous laisseront sortir quelques minutes avant le départ seulement. On arrive sur une plage de petits cailloux, et je suis là au milieu de 1300 autres tarés, plutôt en arrière en ce qui me concerne. j'ajuste bonnet, lunettes, montre, et puis d'un coup ... pan !!!

C'est le départ, et on est encore sur la plage, je ne m'y attendais pas. Et là, incroyable, cette foule de bonnets blancs qui courent vers l'eau dans les éclaboussures et au milieu des fumigènes qui déchirent la nuit, ça a été un moment incroyable. j'arrive à mon tour dans l'eau, et dès qu'il y a assez de fond, je commence à nager. ça bouscule un peu mais raisonnablement, il faut juste éviter les mecs bizarres qui commencent en dos, les pieds de ceux qui font de la brasse et ceux qui zigzaguent plus que moi. Je prends assez rapidement mon rythme de croisière pépère, j'essaie de visualiser au loin les bouées, je me cale un peu sur les autres et je me mets en mode endurance. Je laisse les premières bouées sur ma gauche, et j'attends celle ou il y a le demi tour pour revenir boucler le premier des deux tours.
Mais que se passe t-il ??? ma montre vibre tous les 500m, et là il me semble qu'elle a vibré déjà 3 fois, et toujours pas de demi tour en vue. ça devient inquiétant ... ça va être long cette nage. j'espère que je vais tenir. Et puis la voilà, une bouée qui ressemble à un demi tour, enfin ça m'a semblé très très long!!! c'est à ce moment là que j’aperçois sur ma droite en respirant, des jeux gonflables, comme ceux qu'on avait vu sur le site du départ. Je fais mon demi tour, quand même inquiet de me dire que ça fait seulement un quart du parcours, et je commence à avoir un doute. .. En respirant, je regarde derrière, et je vois l'arche de départ. Youpiiiiiiii c'est la fin du premier tour !!! quel soulagement ! j'ai pas vu passer le premier demi tour en fait. la configuration des bouées différente, la nuit, le manque de repères, bref, ça me fout un super moral, et je boucle tranquillement le deuxième tour à mon rythme. Je sors de l'eau avec 4000 au compteur, un bon moral et un physique pas trop entamé.
En plus, je pensais faire entre 1h20 et 1h30, et je sors en 1h18:23 sans avoir forcé, 893ème temps sur les 1300, c'est ma place logique.

Vélo :
Première transition,je prends mon temps, et je mets une tenue complète de vélo confortable. 12 minutes de transition, un record !!!
Ma veste à manches longues est prête avec le coupe vent dans la poche, vu le temps annoncé, ça s'impose. Un petit pipi, et c'est parti pour 8h30 9h dans mes bonnes prévisions, Mais je n'exclue pas plus de temps …
« arriver dans l'Izoard sans avoir donné un coup de pédale ,,, »
Revoilà le mot d'ordre qui me revient en tête. C'est donc comme pour un long raid en mode randonnée que je pars. je sais trop bien qu'il y a un premier col à franchir, qu'il ne faut pas payer plus tard. Alors pas d'hésitation, dès les premières rampes qui sont déjà costaudes, dans le premier kilomètre , je suis sur le petit plateau et je mouline. Et je m'en félicite intérieurement assez vite quand je comprends que ce col a un dénivelé très irrégulier, qui alterne les faux plats avec les gros coups de cul. En plus, les routes sont pas extra, ça rend mal. Je bascule donc tranquille pour amorcer une belle descente.
Et surtout, ne pas reproduire les erreurs passées, je m'alimente régulièrement en petite quantité.
On retourne sur Embrun, et c'est parti direction l'Izoard Encore 30 kilomètres relativement plats sans donner un coup de pédale, puis encore 25 de gros vallonné en évitant encore de donner un coup de pédale. Je prends la position aero chaque fois que la route le permet, ce qui me permet une bonne vitesse sans trop forcer, et une certaine forme de repos dans cette position, au moins ça change un peu. Après un arrêt forcé pour déraillement, et en m'alimentant régulièrement, je commence à faire des calculs dans les premières rampes de l'Izoard. Telle moyenne sur la montée pour arriver en haut avant 12h30 comme prévu, je dois même pouvoir être un peu en avance, c'est encore bon pour le moral, même si on prend quelques gouttes de temps en temps. Les vues sont magnifiques, parfois même je me déporte sur la gauche pour voir en bas des gorges les kayaks en contrebas. L'arrivée en vue de la casse déserte tient toute ses promesses, c'est grandiose.
J'arrive en haut et retrouve ma chérie vers 12h15 …
Tous les voyants sont au vert : Je ne suis entamé ni par la nat ni par ce début de vélo, l'izoard s'est bien monté, aucune grosse douleur inquiétante et pas de soucis mécanique mis à part ce petit moment dans le cambouis.
Tous les voyants sont au vert, enfin presque. Il fait 5°, et il pleut fort maintenant, Heureusement, je prends le temps de me ravitailler en haut, à l’abri du parapluie de Claire.
Petit thé tiède, demi sandwich, je mets mon coupe vent, et je dois repartir avant d'être frigorifié. A défaut de papier journal, je glisse une couverture de survie demandée par ma femme d'amour contre mon ventre pour le protéger du froid. Il reste 80 bornes pas faciles du tout, plusieures descentes dangereuses sous une pluie battante et glaçante, et après un marathon, qu'à ce moment je ne veux même pas envisager. Je ne dois pas penser marathon, mais plutôt 5 heures de courses en plus.
Je me lance dans la descente, un peu transi, très tendu, et un peu déçu de ne pas pouvoir m'y exprimer pleinement comme d'habitude. Je serre les dents, tout comme les freins dans chaque épingle. Impossible de laisser aller, et il faut commencer à freiner très tôt pour que les patins soient un peu efficaces à l'arrivée dans le virage. Une sortie de route éventuelle serait fatale à ma course, à mon vélo, et avec certitude à mon intégrité physique. Ça plonge vite derrière le parapet, quand il y en a un ...
Malgré tout, je ne dois pas me débrouiller si mal, parce que je double pas mal de coureurs encore moins à l'aise que moi. Par contre, dès qu'il faut ré enclencher un pédalage, aie, tout est bloqué et ça tétanise drôlement. Il faudra remettre en route très progressivement à la fin de la descente.
Je ne sais plus vraiment quand cela s'est arrêté, mais je suis sûr d'avoir fait au moins 50 bornes avec ce temps. Du coup ça occupe bien dans les descentes, et on est content quand ça remonte. Par contre les routes sont parfois moyennes, et souvent défoncées, je perdrai mes deux bidons dans une descente, 2 ou 3 kil après un ravito, Pas de bol, mais heureusement, une spectatrice m'en tendra un sur le bord de la route avant d’être déshydraté.
Ça se calme un peu au kilomètre 150, pour une partie encore bien vallonnée, que j'essaie de passer en souplesse sachant qu'il y a la dernière bosse avant l'arrivée. Alors quand on se rapproche d'embrun, je ne m'enflamme pas, j'ai le parcours bien en tête et je suis déjà prêt pour ce dernier col.
La voilà donc qui arrive cette dernière côte, enfin c'est le début de la côte qui arrive, parce que si je monte à mon rythme sans m'affoler dans les éternels raidillons carrément raides, je trouve le sommet un peu loin. Mais bon, ça finit par arriver, et je redescends heureux sur embrun avec la banane, enfin intérieure au moins, parce que ça laisse quand même des traces.
J'échange quelques mots avec un sylvain que j'ai vu régulièrement sur tout le parcours vélo, et qui finit avec moi. Merci aux bénévoles qui signalent les virages dangereux, parce que dans la dernière descente, il y en a un à droite, ou j'ai du freiner tout droit avant de pouvoir tourner. Je finis donc tranquille en me demandant comment ça va se passer pour la suite. J'arrive enfin sur le grand tapis bleu de l'arrivée, je m’arrête pile poil sur la ligne en faisant décoller la roue arrière (oups), et je rejoins mon emplacement dans l'aire de transition.

MARATHON :
2ème transition toute en douceur, fidèle à mes habitudes. 16 Minutes !!! deuxième record de la journée ! Je suis classé au-delà du 1100ème temps pour les transitions lol.
Changement intégral, et heureusement, je suis gaugé, Mes pieds ressemblent à de vielles éponges, et j'ai toujours ma couverture de survie sur le ventre. En fait, depuis l'izords, je n'ai un peu ouvert mon coupe vent que dans la dernière côte. Donc content de me changer. Et là, une demoiselle vient me demander si j'ai besoin d'un massage quelque part. J'accepte bien volontiers pour détendre un peu l'arrière de ma jambe gauche qui est très raide. Et puis sa copine arrive et me propose l'autre jambe pour équilibrer. Ho oui merci bien. 5 minutes de relaxation, enfin autant que possible, confortablement installé sur ma chaise. Je mange quelques cochonneries que j'avais laissées là et dont je savais qu'elles me feraient envie, chaussettes sèches sur des pieds secs, chaussures, petit pipi, et c'est parti ! J'ai mon bidon en ceinture et deux gels. Allons donc voir ce qui se passe dans ce marathon.
Je pars en douceur, à moins de 10 à l'heure Pas de gène particulière, donc la moyenne monte progressivement à 10,4 dans les premiers kilomètres, La première montée, relativement courte mais raide se fait en grande partie en marchant, et la deuxième plus douce mais bien plus longue me permet de trottiner un peu.
A un moment, je croise mon nouvel ami provisoire, cyril, à qui je fais un signe. Je me prends un gros vent. Plus loin je le double, et je l'encourage en passant :
« Aller cyril go »
« on se connaît ? »
« Oui on a roulé ensemble »
Haaaaaaaaaa c'est toi !!! Ha mais tu t'es changé, et t'avais des lunettes !!! »
Et un mec à coté de rajouter : « et un casque !!! » MDR
Arrêt à chaque ravito, ou je trouve de la tomate légèrement salée, et j'en ai envie, donc un petit quartier de temps en temps. Parfois coca, ou eau (j'ai mon iso en bidon), petits tucs, abricots secs, j'alterne par petites portions parce que ça devient dur de se forcer à s’alimenter.
Au pied de la deuxième cote, je discute un peu avec un bénévole très sympa, qui m'attend pour le deuxième tour. C'est dur mais tout va bien, j'arrive à courir, et c'est ce que je me dis, il faut en profiter. Je me dis aussi pour me motiver, que j'ai mal au genoux,mais que j'ai le mental, la volonté de faire l'effort, et que là, je suis en train d'aller chercher mon Embrunman.
Mais ça aurait été trop simple de finir comme ça. Je vais découvrir une grande nouveauté du Marathon : Le mur du kil 17 ! Gros coup de mou, très net, même sur les données GPS. Le rythme a sensiblement baissé, et ça devient long de rallier le camp de base pour boucler le premier tour. Je retrouve Claire au Kil 18 qui m'encourage en positivant : « bravo mon chéri, tu fais le premier semi en moins de 2 heures !!! » ça me fait plaisir, sauf que moi je sais qu'au compteur, il reste 3 bornes, et que ça ne peut pas passer en 2 heures, surtout avec ce sacré coup de mou. Il faut maintenant faire le tour du plan d'eau, très irrégulier, toujours en montés et descentes. Je marche souvent dans les 4 ou 5 mètres de montée, et je souffre terriblement en courant dans les descentes. Il faut encore faire le tour du parc à vélo, rejoindre la ligne d'arrivée, et passer à coté de ceux qui en terminent. C'est toujours un peu dur ! Je traverse à nouveau l'aire de transition, et je repars pour le tour du plan d'eau, avec les mêmes difficultés en sens inverse.
Claire est là, au semi, et ça fait 2h10. J'aurai aimé moins de 2h, mais bon, rien de catastrophique. Le temps est aux calculs, il reste 21 bornes, mais ça je préfère ne pas trop y penser, alors j'évalue plus en terme de temps. Je vais essayer de boucler le deuxième semi en 3 heures, ça fait du 7 de moyenne, faisable en alternant marche et trottinages. Je me prépare donc à faire trois séries de 1h par tranche de 7 kils.
La première tranche inclue la grosse montée qui se fait en marchant, plus les arrêts aux ravitos, j'essaie de courir un peu le reste du temps. Au final je termine les 7 premiers kils en 50 minutes. C'est pas super rapide, mais je sais que ça me permet d'assurer les 3h pour ce semi. Je continue donc sur la deuxième tranche en essayant de garder cette petite avance. Je repasse devant mon pote bénévole au pied de la deuxième montée, et on prend encore le temps de bavarder un peu. Je ne cours pas très vite et un peu mécaniquement, en marchant dès que ça monte un peu, mais je prends encore 10mn d'avance sur l'heure prévue pour la deuxième tranche. Ça me fait un petit pécule de 20mn de battement sur les 3h, et là je commence à me dire que je peux peut-être me le faire en 2h30 ce semi. Pour ça il va falloir marcher un minimum et s’arrêter le moins possible. Ça me donne la motivation suffisante pour garder un rythme, et je vais même bouder le dernier ravito. Je passe en courant devant Claire qui est contente de me voir en avance. Tour du plan d'eau, je cours même dans les woops, je dépasse quelques gars, heureux d'en finir, super motivé et sans la moindre crampe. Je double encore 2 mecs qui discutent, un autre qui a tenté de résister un moment, et je me présente dans la dernière ligne droite sans personne derrière. Tout au bout, un finisher pose avec sa petite famille. Je pense à ma fille qui n'est pas là cette fois pour passer la ligne avec moi, mais ma Chérie est là, dernière la grille, et cours avec moi les derniers mètres. Je savoure, je passe la ligne, les bras en l'air ,,, JE L'AI FAIT !!!

Je vais chercher ma médaille, mon polo de finisher, et je rejoins ma femme pour l'embrasser. Je me sens bien, pas épuisé comme certaines fois, heureux avec quelques secondes d'émotions qui remontent . Une journaliste m'interpelle pour me demander si je suis ok pour être interviewé le lendemain matin par téléphone, et prend mes coordonnées. Bon on ne m'appellera pas en fait lol.
Je laisse Claire parce que j'ai besoin d'aller me poser un peu et de grignoter quelque chose, je cherche l'aire de repos, et m’installe avec un sandwich et une bière. J'ai un peu froid, alors je récupère une couverture de survie. Je mange peu en fait, et je vais vite au massage tant qu'il n'y a pas foule. Deux jeunes me prennent en main tout de suite et j'en profite pour me relâcher, c'est très agréable et bénéfique, c’était un peu raide derrière les genoux.
Je retourne manger quelques frites et boire du coca, mais je ne veux pas encore faire attendre ma femme d'amour sur le pont depuis 4h du mat. Elle doit commencer à se peler.
Je retourne donc chercher mes affaires et mon vélo. C'est compliqué de retrouver claire dans la nuit et dans cette foule, mais je finis par arriver et on charge le tout dans la voiture garée tout près.
Nous remontons à notre hôtel, dans la station des orres, à 30 minutes environ, pendant que d'autres triathlètes arrivent encore. On débriefe un peu, et je me sens bien. Il sera un peu difficile de m'endormir, mais la nuit ne sera pas trop mauvaise.

Au final, le lendemain ça ira, et je récupère assez vite. Je suis très content de ma course, pas de soucis physique particulier, ni musculaire ni gastrique ou digestif, pas de soucis mécanique, tout s'est passé dans la plan prévu, même dans la fourchette basse.
Même pas écœuré à l'arrivée, prêt à envisager d'ores et déjà mes prochains défis.

Merci à ma chérie qui a supporté les entraînements, les courses et cette longue journée, pour en plus au final être fière de moi.
Merci aux potes avec qui je m’entraîne, et vivement la suite !!!

j'ai fait EMBRUNMAN ! ! !
J'apprécie beaucoup lire de tel CR, quelque soit le niveau de l'auteur. Je trouve cela très motivant et cela donne envie de s'investir encore plus, de se lancer vers de nouveaux défis...

Merci beaucoup

Christian
cedmarf
Messages : 66
Inscription : 18 févr. 2011 09:38

Re: EMBRUNMAN 2015

Message non lu par cedmarf »

whopic a écrit :Bonjour à tous.

Je ne suis pas très actif sur le forum, fuyant les polémiques et autre chahutages habituels des forums de discussion, mais voici pour ceux que ça intéressera le Cr de mon premier embrumamn.

Amicalement

EMBRUNMAN

Pourquoi?

Une fois le challenge de vichy surmonté en 2013, l'inferno vaincu en 2014, l'alpe d'huez à plusieurs reprises, j'avais envie pour cette saison d’agrafer à mon modeste palmarès, un grand nom du triathlon, peut-être pour me donner l'impression de rentrer totalement dans ce monde de tarés de triathlètes ...
Évidement, ce ne sont pas les ironmans de référence mondiale qui manquent, mais un nom revient souvent dans les discussions très peu variées de triathlètes entre eux: EMBRUNMAN !!!
Une réputation de dur à cuire, très dur à cuire, avec un dénivelé de malade sur un format d'ironman !!! Pour les dates, ça le fait, le 15 août, juste un petit hic: c'est 15 jours après l'alpe d'huez que j'aimerai faire aussi pour sa dixième édition. Qu'à cela ne tienne, on verra bien. c'est dit !!! cette année, le gros morceau ce sera EMBRUNMAN, enfin plutôt le très gros morceau !!! plus question d'un temps quelconque, comme pour l'inferno, je me demande si je suis capable de le faire, de le finir simplement.

Analyse:

C'est dit OK, mais pour le moment, je ne me sens pas capable de faire ça !
L'état des lieux est le suivant:
3800m de natation: je ne suis pas un très bon nageur, pas même un bon nageur, voir pas un nageur simplement, mais j'ai déjà fait cette distance, je m'en sortirai, j'ai l'endurance nécessaire à défaut de technique.
288 km de vélo avec 5000m de D+: Déjà là ça se gâte sacrément! La distance c'est faisable, même si je l'ai pas fait souvent. une fois 207 bornes, et une fois 180 à Vichy, mais rarement plus de 100 à l’entraînement. Et puis là en plus, ça grimpe, et ça grimpe encore beaucoup dans les 80 bornes qui suivent l'izoard (petit col réputé des alpes). C'est là que ma course se jouera en grande partie, j'en suis conscient, et il va falloir adapter mon entraînement cette année. Et en guise d'adaptation, va surtout falloir intensifier et durcir en terme de dénivelé.
Le marathon: Arrivé à ce stade d'une telle course, pour moi marathon ça veut tout et rien dire. Je ne sais pas ou j'ai trouvé les ressources à vichy pour mon premier ironman, et je ne sais pas comment je ferai à Embrun. Ce que je sais, c'est qu'il faudra y être préparé au mieux également. on verra sur place !!!
ça c'est du plan !

Préparation:

Le triathlon, et un ironman particulièrement, ça se prépare toute l'année, alors c'est dit, il va falloir mettre à profit l'hiver aussi. Le hic, c'est qu'au programme, il y a aussi le marathon de paris avec ma chérie au mois d'avril. Alors ça organise de fait mon entraînement. L'hiver axé sur la course à pied, puis dès le marathon passé, je renforce le vélo, le tout en essayant de nager régulièrement.
Deuxième Hic, c'est qu'aux vacances de noël, trois sorties de skating ont eu raison de mes genoux. Inflammation du TFL droit, et douleurs persistantes dans les 2 genoux, sans que la radio ou l'IRM n'expliquent pourquoi. Résultat, janvier et février hors service. rien de rien, le moindre essaie de vélo ou de course est très douloureux, même quand je nage, je ne peux même pas pousser sur le mur de la piscine.
Je prends mon mal en patience, mais ça n'évolue pas. j'essaie à nouveau de petits entraînements fin février. En fait quand je cours, je n'ai pas mal, seulement le lendemain, mais pas vraiment pire. c'est décidé, je ne m'écoute plus trop et je reprends progressivement, d'abord courir, puis le vélo, le tout avec glace et en stoppant les anti-inflammatoires. Heureusement, les séances de kiné m'aident.
Il me reste un mois et demi pour préparer le marathon. je gère très progressivement la reprise, et je pourrai bouclé le marathon pas trop loin du temps que j'aurai aimé. Mais mes mollets passeront un sale quart d'heure. Ça reste un super souvenir partagé avec ma chérie, Stéphane et sa femme.
Quelques jours de récupe, et je pars sur le vélo. Je démarre molo puis je commence les sorties dénivelées, en espérant que les acquis en course à pied profiteront.
Cette fois ci, je reste prudent, et mon entraînement se passe bien. Plusieurs triathlons d’entraînement s’enchaînent, Rumilly, bourg, Annecy, Machilly, puis arrive le fameux de l'alpe d'huez. Là, ça ne se passera pas bien du tout, mais ça, j'ai déjà raconté. J'en tire rapidement les conséquences pour revoir mon programme durant les 15 « petits » jours qui me séparent d'Embrun.

J-15:
Gros allègement de l’entraînement ! juste pour entretenir et faire marcher un peu les muscles. Deux sorties vélo de 50/60 bornes, deux en cap de 8 et 10 bornes, et un peu de nage en eau libre. Je mange et je fais du jus. Pas question d'arriver à Embrun aussi fatigué qu'à l'alpe d'huez. Je fais attention à ce que je mange, mais pas de trop grosses restrictions. Les derniers jours, je m'accorde encore de la tarte ou de la sauce avec mes pâtes. je veux me sentir bien. Je ne me gave pas non plus de boisson hydratante. je reste le plus proche possible de mes habitudes, sans faire d'excès, ni dans un sens ni dans l'autre.
Arrivé à Embrun, je récupère mon dossard, on passe jeter un oeuil rapide sur le site, et Claire et moi rejoignons l’hôtel. Repos et siestes, 72 heures sans courir ou rouler. Je me fais violence, toujours l'impression de ne pas faire assez !
Vendredi soir, je me couche, assez angoissé, et sur que je vais en baver le lendemain avec le temps prévu. J'aurai préféré des conditions chaudes que pluvieuses en ce qui me concerne, mais je sais aussi que j'ai un coté warior dans les conditions difficiles. Àa me booste ! je souhaite juste ne pas avoir de pluie avant d'avoir redescendu l'Izoard.

Embrunman Jour J:

Réveil 4h du matin avec ma fan et femme d'amour. Je mange quelques trucs qui me font envie, je m'habille, et on décolle avant 5h. Le vélo est déjà sur place depuis la veille, et mes affaires étaient déjà prêtes dans la caisse pour une fois.
30 minutes de route, et en arrivant, le site est inabordable. on se résout à se garer plus loin et on finit à pied, avec mes petites affaires dans la fameuse caisse fournie. Pour un départ à 6h je ne suis pas hyper en avance, le temps de passer les différents sas, je peux me préparer dès que j'arrive dans l'aire de transition. J'enfile la combine sur mon maillot de bain, et je laisse le reste sous ma chaise dans des sacs poubelle pour que ça reste au sec. j'ai prévu de me changer en totalité à chaque transition, pour privilégier le confort dans cette très longue course.
J'entends le speaker qui parle et interview je ne sais plus qui, le président de la FFTRI je crois. Cette personne dira que le secret d'embrun, c'est d'arriver à l'Izord sans avoir donné un coup de pédale. Bon, tout est relatif, ça représente 80 bornes avec plus de 1000 de D+ pour arriver à l'Izoard, mais ce conseil me parle, et je garderai ça en tête pour tout le vélo.
5h50,les femmes partent, mais nous, nous sommes toujours parqués dans l'aire de transition. Ils nous laisseront sortir quelques minutes avant le départ seulement. On arrive sur une plage de petits cailloux, et je suis là au milieu de 1300 autres tarés, plutôt en arrière en ce qui me concerne. j'ajuste bonnet, lunettes, montre, et puis d'un coup ... pan !!!

C'est le départ, et on est encore sur la plage, je ne m'y attendais pas. Et là, incroyable, cette foule de bonnets blancs qui courent vers l'eau dans les éclaboussures et au milieu des fumigènes qui déchirent la nuit, ça a été un moment incroyable. j'arrive à mon tour dans l'eau, et dès qu'il y a assez de fond, je commence à nager. ça bouscule un peu mais raisonnablement, il faut juste éviter les mecs bizarres qui commencent en dos, les pieds de ceux qui font de la brasse et ceux qui zigzaguent plus que moi. Je prends assez rapidement mon rythme de croisière pépère, j'essaie de visualiser au loin les bouées, je me cale un peu sur les autres et je me mets en mode endurance. Je laisse les premières bouées sur ma gauche, et j'attends celle ou il y a le demi tour pour revenir boucler le premier des deux tours.
Mais que se passe t-il ??? ma montre vibre tous les 500m, et là il me semble qu'elle a vibré déjà 3 fois, et toujours pas de demi tour en vue. ça devient inquiétant ... ça va être long cette nage. j'espère que je vais tenir. Et puis la voilà, une bouée qui ressemble à un demi tour, enfin ça m'a semblé très très long!!! c'est à ce moment là que j’aperçois sur ma droite en respirant, des jeux gonflables, comme ceux qu'on avait vu sur le site du départ. Je fais mon demi tour, quand même inquiet de me dire que ça fait seulement un quart du parcours, et je commence à avoir un doute. .. En respirant, je regarde derrière, et je vois l'arche de départ. Youpiiiiiiii c'est la fin du premier tour !!! quel soulagement ! j'ai pas vu passer le premier demi tour en fait. la configuration des bouées différente, la nuit, le manque de repères, bref, ça me fout un super moral, et je boucle tranquillement le deuxième tour à mon rythme. Je sors de l'eau avec 4000 au compteur, un bon moral et un physique pas trop entamé.
En plus, je pensais faire entre 1h20 et 1h30, et je sors en 1h18:23 sans avoir forcé, 893ème temps sur les 1300, c'est ma place logique.

Vélo :
Première transition,je prends mon temps, et je mets une tenue complète de vélo confortable. 12 minutes de transition, un record !!!
Ma veste à manches longues est prête avec le coupe vent dans la poche, vu le temps annoncé, ça s'impose. Un petit pipi, et c'est parti pour 8h30 9h dans mes bonnes prévisions, Mais je n'exclue pas plus de temps …
« arriver dans l'Izoard sans avoir donné un coup de pédale ,,, »
Revoilà le mot d'ordre qui me revient en tête. C'est donc comme pour un long raid en mode randonnée que je pars. je sais trop bien qu'il y a un premier col à franchir, qu'il ne faut pas payer plus tard. Alors pas d'hésitation, dès les premières rampes qui sont déjà costaudes, dans le premier kilomètre , je suis sur le petit plateau et je mouline. Et je m'en félicite intérieurement assez vite quand je comprends que ce col a un dénivelé très irrégulier, qui alterne les faux plats avec les gros coups de cul. En plus, les routes sont pas extra, ça rend mal. Je bascule donc tranquille pour amorcer une belle descente.
Et surtout, ne pas reproduire les erreurs passées, je m'alimente régulièrement en petite quantité.
On retourne sur Embrun, et c'est parti direction l'Izoard Encore 30 kilomètres relativement plats sans donner un coup de pédale, puis encore 25 de gros vallonné en évitant encore de donner un coup de pédale. Je prends la position aero chaque fois que la route le permet, ce qui me permet une bonne vitesse sans trop forcer, et une certaine forme de repos dans cette position, au moins ça change un peu. Après un arrêt forcé pour déraillement, et en m'alimentant régulièrement, je commence à faire des calculs dans les premières rampes de l'Izoard. Telle moyenne sur la montée pour arriver en haut avant 12h30 comme prévu, je dois même pouvoir être un peu en avance, c'est encore bon pour le moral, même si on prend quelques gouttes de temps en temps. Les vues sont magnifiques, parfois même je me déporte sur la gauche pour voir en bas des gorges les kayaks en contrebas. L'arrivée en vue de la casse déserte tient toute ses promesses, c'est grandiose.
J'arrive en haut et retrouve ma chérie vers 12h15 …
Tous les voyants sont au vert : Je ne suis entamé ni par la nat ni par ce début de vélo, l'izoard s'est bien monté, aucune grosse douleur inquiétante et pas de soucis mécanique mis à part ce petit moment dans le cambouis.
Tous les voyants sont au vert, enfin presque. Il fait 5°, et il pleut fort maintenant, Heureusement, je prends le temps de me ravitailler en haut, à l’abri du parapluie de Claire.
Petit thé tiède, demi sandwich, je mets mon coupe vent, et je dois repartir avant d'être frigorifié. A défaut de papier journal, je glisse une couverture de survie demandée par ma femme d'amour contre mon ventre pour le protéger du froid. Il reste 80 bornes pas faciles du tout, plusieures descentes dangereuses sous une pluie battante et glaçante, et après un marathon, qu'à ce moment je ne veux même pas envisager. Je ne dois pas penser marathon, mais plutôt 5 heures de courses en plus.
Je me lance dans la descente, un peu transi, très tendu, et un peu déçu de ne pas pouvoir m'y exprimer pleinement comme d'habitude. Je serre les dents, tout comme les freins dans chaque épingle. Impossible de laisser aller, et il faut commencer à freiner très tôt pour que les patins soient un peu efficaces à l'arrivée dans le virage. Une sortie de route éventuelle serait fatale à ma course, à mon vélo, et avec certitude à mon intégrité physique. Ça plonge vite derrière le parapet, quand il y en a un ...
Malgré tout, je ne dois pas me débrouiller si mal, parce que je double pas mal de coureurs encore moins à l'aise que moi. Par contre, dès qu'il faut ré enclencher un pédalage, aie, tout est bloqué et ça tétanise drôlement. Il faudra remettre en route très progressivement à la fin de la descente.
Je ne sais plus vraiment quand cela s'est arrêté, mais je suis sûr d'avoir fait au moins 50 bornes avec ce temps. Du coup ça occupe bien dans les descentes, et on est content quand ça remonte. Par contre les routes sont parfois moyennes, et souvent défoncées, je perdrai mes deux bidons dans une descente, 2 ou 3 kil après un ravito, Pas de bol, mais heureusement, une spectatrice m'en tendra un sur le bord de la route avant d’être déshydraté.
Ça se calme un peu au kilomètre 150, pour une partie encore bien vallonnée, que j'essaie de passer en souplesse sachant qu'il y a la dernière bosse avant l'arrivée. Alors quand on se rapproche d'embrun, je ne m'enflamme pas, j'ai le parcours bien en tête et je suis déjà prêt pour ce dernier col.
La voilà donc qui arrive cette dernière côte, enfin c'est le début de la côte qui arrive, parce que si je monte à mon rythme sans m'affoler dans les éternels raidillons carrément raides, je trouve le sommet un peu loin. Mais bon, ça finit par arriver, et je redescends heureux sur embrun avec la banane, enfin intérieure au moins, parce que ça laisse quand même des traces.
J'échange quelques mots avec un sylvain que j'ai vu régulièrement sur tout le parcours vélo, et qui finit avec moi. Merci aux bénévoles qui signalent les virages dangereux, parce que dans la dernière descente, il y en a un à droite, ou j'ai du freiner tout droit avant de pouvoir tourner. Je finis donc tranquille en me demandant comment ça va se passer pour la suite. J'arrive enfin sur le grand tapis bleu de l'arrivée, je m’arrête pile poil sur la ligne en faisant décoller la roue arrière (oups), et je rejoins mon emplacement dans l'aire de transition.

MARATHON :
2ème transition toute en douceur, fidèle à mes habitudes. 16 Minutes !!! deuxième record de la journée ! Je suis classé au-delà du 1100ème temps pour les transitions lol.
Changement intégral, et heureusement, je suis gaugé, Mes pieds ressemblent à de vielles éponges, et j'ai toujours ma couverture de survie sur le ventre. En fait, depuis l'izords, je n'ai un peu ouvert mon coupe vent que dans la dernière côte. Donc content de me changer. Et là, une demoiselle vient me demander si j'ai besoin d'un massage quelque part. J'accepte bien volontiers pour détendre un peu l'arrière de ma jambe gauche qui est très raide. Et puis sa copine arrive et me propose l'autre jambe pour équilibrer. Ho oui merci bien. 5 minutes de relaxation, enfin autant que possible, confortablement installé sur ma chaise. Je mange quelques cochonneries que j'avais laissées là et dont je savais qu'elles me feraient envie, chaussettes sèches sur des pieds secs, chaussures, petit pipi, et c'est parti ! J'ai mon bidon en ceinture et deux gels. Allons donc voir ce qui se passe dans ce marathon.
Je pars en douceur, à moins de 10 à l'heure Pas de gène particulière, donc la moyenne monte progressivement à 10,4 dans les premiers kilomètres, La première montée, relativement courte mais raide se fait en grande partie en marchant, et la deuxième plus douce mais bien plus longue me permet de trottiner un peu.
A un moment, je croise mon nouvel ami provisoire, cyril, à qui je fais un signe. Je me prends un gros vent. Plus loin je le double, et je l'encourage en passant :
« Aller cyril go »
« on se connaît ? »
« Oui on a roulé ensemble »
Haaaaaaaaaa c'est toi !!! Ha mais tu t'es changé, et t'avais des lunettes !!! »
Et un mec à coté de rajouter : « et un casque !!! » MDR
Arrêt à chaque ravito, ou je trouve de la tomate légèrement salée, et j'en ai envie, donc un petit quartier de temps en temps. Parfois coca, ou eau (j'ai mon iso en bidon), petits tucs, abricots secs, j'alterne par petites portions parce que ça devient dur de se forcer à s’alimenter.
Au pied de la deuxième cote, je discute un peu avec un bénévole très sympa, qui m'attend pour le deuxième tour. C'est dur mais tout va bien, j'arrive à courir, et c'est ce que je me dis, il faut en profiter. Je me dis aussi pour me motiver, que j'ai mal au genoux,mais que j'ai le mental, la volonté de faire l'effort, et que là, je suis en train d'aller chercher mon Embrunman.
Mais ça aurait été trop simple de finir comme ça. Je vais découvrir une grande nouveauté du Marathon : Le mur du kil 17 ! Gros coup de mou, très net, même sur les données GPS. Le rythme a sensiblement baissé, et ça devient long de rallier le camp de base pour boucler le premier tour. Je retrouve Claire au Kil 18 qui m'encourage en positivant : « bravo mon chéri, tu fais le premier semi en moins de 2 heures !!! » ça me fait plaisir, sauf que moi je sais qu'au compteur, il reste 3 bornes, et que ça ne peut pas passer en 2 heures, surtout avec ce sacré coup de mou. Il faut maintenant faire le tour du plan d'eau, très irrégulier, toujours en montés et descentes. Je marche souvent dans les 4 ou 5 mètres de montée, et je souffre terriblement en courant dans les descentes. Il faut encore faire le tour du parc à vélo, rejoindre la ligne d'arrivée, et passer à coté de ceux qui en terminent. C'est toujours un peu dur ! Je traverse à nouveau l'aire de transition, et je repars pour le tour du plan d'eau, avec les mêmes difficultés en sens inverse.
Claire est là, au semi, et ça fait 2h10. J'aurai aimé moins de 2h, mais bon, rien de catastrophique. Le temps est aux calculs, il reste 21 bornes, mais ça je préfère ne pas trop y penser, alors j'évalue plus en terme de temps. Je vais essayer de boucler le deuxième semi en 3 heures, ça fait du 7 de moyenne, faisable en alternant marche et trottinages. Je me prépare donc à faire trois séries de 1h par tranche de 7 kils.
La première tranche inclue la grosse montée qui se fait en marchant, plus les arrêts aux ravitos, j'essaie de courir un peu le reste du temps. Au final je termine les 7 premiers kils en 50 minutes. C'est pas super rapide, mais je sais que ça me permet d'assurer les 3h pour ce semi. Je continue donc sur la deuxième tranche en essayant de garder cette petite avance. Je repasse devant mon pote bénévole au pied de la deuxième montée, et on prend encore le temps de bavarder un peu. Je ne cours pas très vite et un peu mécaniquement, en marchant dès que ça monte un peu, mais je prends encore 10mn d'avance sur l'heure prévue pour la deuxième tranche. Ça me fait un petit pécule de 20mn de battement sur les 3h, et là je commence à me dire que je peux peut-être me le faire en 2h30 ce semi. Pour ça il va falloir marcher un minimum et s’arrêter le moins possible. Ça me donne la motivation suffisante pour garder un rythme, et je vais même bouder le dernier ravito. Je passe en courant devant Claire qui est contente de me voir en avance. Tour du plan d'eau, je cours même dans les woops, je dépasse quelques gars, heureux d'en finir, super motivé et sans la moindre crampe. Je double encore 2 mecs qui discutent, un autre qui a tenté de résister un moment, et je me présente dans la dernière ligne droite sans personne derrière. Tout au bout, un finisher pose avec sa petite famille. Je pense à ma fille qui n'est pas là cette fois pour passer la ligne avec moi, mais ma Chérie est là, dernière la grille, et cours avec moi les derniers mètres. Je savoure, je passe la ligne, les bras en l'air ,,, JE L'AI FAIT !!!

Je vais chercher ma médaille, mon polo de finisher, et je rejoins ma femme pour l'embrasser. Je me sens bien, pas épuisé comme certaines fois, heureux avec quelques secondes d'émotions qui remontent . Une journaliste m'interpelle pour me demander si je suis ok pour être interviewé le lendemain matin par téléphone, et prend mes coordonnées. Bon on ne m'appellera pas en fait lol.
Je laisse Claire parce que j'ai besoin d'aller me poser un peu et de grignoter quelque chose, je cherche l'aire de repos, et m’installe avec un sandwich et une bière. J'ai un peu froid, alors je récupère une couverture de survie. Je mange peu en fait, et je vais vite au massage tant qu'il n'y a pas foule. Deux jeunes me prennent en main tout de suite et j'en profite pour me relâcher, c'est très agréable et bénéfique, c’était un peu raide derrière les genoux.
Je retourne manger quelques frites et boire du coca, mais je ne veux pas encore faire attendre ma femme d'amour sur le pont depuis 4h du mat. Elle doit commencer à se peler.
Je retourne donc chercher mes affaires et mon vélo. C'est compliqué de retrouver claire dans la nuit et dans cette foule, mais je finis par arriver et on charge le tout dans la voiture garée tout près.
Nous remontons à notre hôtel, dans la station des orres, à 30 minutes environ, pendant que d'autres triathlètes arrivent encore. On débriefe un peu, et je me sens bien. Il sera un peu difficile de m'endormir, mais la nuit ne sera pas trop mauvaise.

Au final, le lendemain ça ira, et je récupère assez vite. Je suis très content de ma course, pas de soucis physique particulier, ni musculaire ni gastrique ou digestif, pas de soucis mécanique, tout s'est passé dans la plan prévu, même dans la fourchette basse.
Même pas écœuré à l'arrivée, prêt à envisager d'ores et déjà mes prochains défis.

Merci à ma chérie qui a supporté les entraînements, les courses et cette longue journée, pour en plus au final être fière de moi.
Merci aux potes avec qui je m’entraîne, et vivement la suite !!!

j'ai fait EMBRUNMAN ! ! !
Excellent récit. Merci de l'avoir partagé...
whopic
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Re: EMBRUNMAN 2015

Message non lu par whopic »

merci ...
c'est là pour que chacun y prenne ce qui lui servira comme moi j'aime à prendre dans les récits des autres.
ça évite aussi parfois de faire des erreurs déjà commises.
on est pas tous nés avec une tri fonction ... :lol:
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triathlonnature
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Re: EMBRUNMAN 2015

Message non lu par triathlonnature »

whopic a écrit :merci ...
c'est là pour que chacun y prenne ce qui lui servira comme moi j'aime à prendre dans les récits des autres.
ça évite aussi parfois de faire des erreurs déjà commises.
on est pas tous nés avec une tri fonction ... :lol:
Moi aussi Whopic
le mieux c'est que l'on a dû se croiser, dossard 1156 "éric" car j'ai navigué un temps autour de la 1100e place après cela a été différent
Au plaisir... Embrunman 2016, on y a tous laissé quelque chose cette année
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